26ème Dimanche du T.O.
Homélie du 26ème Dimanche du Temps Ordinaire
Amos 6, 1-7 1Timothée 6, 11-16 Luc 16, 19-31
Dimanche dernier Amos dénonçait les manœuvres frauduleuses des possédants, des riches, pour augmenter encore et encore leurs revenus et cela aux dépens des pauvres. Aujourd’hui, il enfonce le clou :
« Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem… couchés sur des lits en ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau, ils se frottent avec des parfums de luxe…etc… »
Nous qui sommes ici rassemblés, nous nous vautrons pas dans le luxe sans nous soucier du pauvre, du moins je l’espère, et de doute façon cela se saurait. Mais regardons de plus près notre façon de consommer les biens de ce monde, surtout au niveau de la nourriture. N’y a-t-il pas de temps à autre du gaspillage, du pain qui va à la poubelle, du gaspillage qui est une gifle donnée aux pauvres de notre pays et à ceux qui de par le monde ne mange pas à leur faim ? Pouvons nous accepter le gaspillage sans broncher ?
Jésus aussi, dans l’Evangile d’aujourd’hui nous parle de luxe et de pauvreté. Et nous avons l’habitude de lire et d’interpréter la parabole de Lazare et du mauvais riche comme une mise en accusation de la richesse sous toutes ses formes. Une richesse qui serait assimilée à l’égoïsme le plus épais et qui s’opposerait à une pauvreté toute vertueuse.
Il est vrai que la Tradition de l’Eglise met en relief le vœu de pauvreté. Mais pour lire corectement la parabole du pauvre Lazare et du riche il ne faut pas s’arrêter à ce critère, à cette confrontation : mauvaise richesse, sainte pauvreté. Car Jésus introduit un 3ème personnage : Abraham.
Aussi surprenant que cela puisse paraître le dialogue se déplace vers le couple homme riche-Abraham. Abraham, père des croyants certes, mais aussi dans la tradition biblique le modèle d’une vie réussie, d’une vie comblée de richesses, de gloire et d’honneur. Selon nos critères habituels, Abraham se situerait donc à l’opposé du Lazare de la parabole.
Cette arrivée d’Abraham dans le drame signifie pour Jésus que le problème n’est pas de stigmatiser, de critiquer la richesse ou de mettre à l’honneur la pauvreté. Le but de Jésus dans cette parabole, c’est de dévoiler, de mettre en lumière, les ressorts intimes et secrets des choix que nous faisons. Nos choix, nos décisions, qu’est-ce qu’ils révèlent du sens que nous donnonsà notre vie.
L’homme riche avait 5 frères. Ne sommes nous pas un peu ou beaucoup comme eux, avec des choix et des décisions qui se limitent bien souvent à l’horizon de ce monde. Comme eux, ne cherchons nous pas à satisfaire nos désirs immédiats, à profiter au maximum des palisirs de la vie, saisissant tout ce qui nous tombe sous la main, sans regarder plus loin.
Jésus nous invite par cette parabole à situer notre existence présente, notre vie sur cette terre dans la perspective de notre vocation de filles et de fils de Dieu. Abraham, au milieu des réussites et des honneurs de toutes sortes, n’a jamais cessé, tout au long de sa vie, de tendre de tout son être vers celui qui l’avait un jour appelé par son nom.
Abraham est la figure accomplie de cet « homme de Dieu » dont nous a parlé la lettre de Thimotée, cet « homme de Dieu »…irréprochable et droit… « tendu vers » le moment où se manifestera notre Seigneur Jésus Christ. En nous proposant un tel modèle, l’Eglise ne nous invite donc pas à quitter les réalités de ce monde, mais au contraire, à retrouver le sens profond de ce que nous faisons. Tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes a un but, un sens, tout cela est au service d’un avenir qui dépasse infiniment les limites de l’instant présent. Car c’est pour devenir des amis de Dieu que nous avons été créés.
Et je ne peux, pour terminer, m’empêcher de reprendre les paroles du psaume 118, 33-40 :
« Fermons les yeux ouvrons grandes les oreilles de notre cœur et écoutons »
Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ;
à les garder, j’aurai ma récompense.
Montre-moi comment garder ta loi,
que je l’observe de tout cœur.
Guide-moi sur la voie de tes volontés,
là, je me plais.
Incline mon cœur vers tes exigences,
non pas vers le profit.
Détourne mes yeux des idoles :
que tes chemins me fassent vivre.
Pour ton serviteur accomplis ta promesse
qui nous fera t’adorer.
Détourne l’insulte qui m’effraie ;
tes décisions sont bienfaisantes.
Vois, j’ai désiré tes préceptes :
par ta justice fais-moi vivre.
Amen
Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - Paroisse de Saint Etienne de Punaauia