29ème Dimanche du T.O.
29ème Dimanche du Temps Ordinaire.
L1 : Ex 17, 8-13
Ps : 120(121), 1-2, 3-4, 5-6, 7-8
L2 : 2 Tm 3, 14 - 4, 2
Ev : Lc 18, 1-8
A quoi ça sert de prier ?
De nos jours, les gens n’aiment pas faire une chose qui n’a pas d’utilité. A quoi bon, à quoi ça sert de… ? Tous les actes humains sont classés en deux catégories : les actes utiles et inutiles. Les gens ne s’autorisent une action inutile que si l’ordre vient d’eux-mêmes.
La prière elle-même est interrogée par l’esprit de notre époque, où les gens sont plutôt pressés, une époque où il serait préférable de ne pas s’embarrasser d’actions inutiles. L’argent tient une place importante dans la vie des gens de notre époque et nombreux sont ceux pour cela qui pensent que la prière ne sert à rien, n’apporte rien dans la vie quotidienne, que ce n’est qu’un luxe que certains peuvent se payer, ceux qui ont du temps libre, ou que ce n’est qu’une question esthétique, artistique : c’est beau une personne qui invoque le Seigneur, ça donne un certain style de vie !
Certainement, quand Jésus s’éloignait du groupe des disciples pour prier à l’écart, ce n’était pas une question esthétique, mais bien une question vitale : ne pas se couper de la source, de l’origine de toutes grâces : le Père. Le dialogue permanent avec le Père est une des choses que le Seigneur Jésus voulait absolument enseigner aux disciples. C’était une des raisons pour lesquelles Jésus les voulaient auprès de lui chaque jour.
Les lectures d’aujourd’hui cependant ne s’adressent pas uniquement aux prêtres. Un vrai chrétien doit garder un contact permanent avec le Seigneur. Il ne suffit pas de penser que Dieu nous aime, il faut dialoguer en prière constamment avec Lui. A plus forte raison quand on a des responsabilités dans l’Eglise bien sûr.
L’Evangile nous parle d’une veuve qui veut que justice soit rendue, mais elle a affaire au pire des juges qui puisse exister : un juge qui n’a rien à faire de la justice. Grâce à son obstination, elle obtient quand même justice, mais la justice a été rendue non pas par amour, mais par épuisement de la part du juge.
En effet, les veuves étaient une catégorie de personne particulière à cette époque : elles étaient à la merci de tous, de leur bon vouloir, bonté éventuelle. Elles ne pouvaient se nourrir seules, elles avaient besoin au moins de la présence d’un fils pour se procurer de la nourriture et la protéger. La perte de son unique fils a fait plonger la veuve de Naïm dans le désespoir en partie pour cette raison. Sans pouvoir, une veuve était donc en danger du point de vue de la justice. Sa seule chance d’être protégée était donc le souci du Juge.
Jésus utilise cet exemple pour nous parler de son Père, de son souci principal : la venue du Royaume de Dieu dans le monde ! Dieu a besoin que son Règne vienne, que sa volonté soit faîte sur la terre. Ce n’est pas juste une option pour notre monde, c’est la clé pour que cesse toute injustice dans ce monde, pour que toutes les veuves du monde trouvent justice. Dans un monde où l’argent est devenu le pouvoir, les veuves d’aujourd’hui sont les pauvres, les desoeuvrés. Ils ont une situation comparable à celles des veuves de l’époque de Jésus, sans pouvoir, sans recours possible.
Mais, pour que souci soit aussi le nôtre, quotidiennement, il faut rester brancher à la source, le Père. C’est lui qui est la justice pour tous et en même temps. Il compte sur nos bras pour réaliser cela, des bras levés comme ceux de Moïse tout le temps de la bataille contre l’ennemi. Se couper de Dieu nous ferait très vite oublier le pourquoi de notre baptême et donnerait alors la défaite à toutes les veuves du monde.
L’Eucharistie nous branche directement à la grâce. Jésus n’est-il pas le cep et le chrétien le sarment ? Sans ce contact permanent, nos tentatives de sauver le monde sont dérisoires : « sans moi vous ne pourrez rien faire ; si vous vous détachez de la vigne, vous ne porterez pas de fruits ». N’en déplaise à certains qui pensent que l’on pourrait se passer de l’Eglise pour aider le monde, nous sommes convaincus, nous les chrétiens, au contraire, que si Dieu n’est pas au centre de notre action, chaque jour, nous sommes inefficaces devant les milliers de sycomores à déraciner.
Amen.