31ème Dimanche du T.O.
31ème Dimanche du Temps Ordinaire C.
Sg 11,23 – 12,2 / Ps 144 / 2Th 1, 11-2,2 / Lc 19, 1-10
Les lectures de ce dimanche nous invitent à contempler la longue patience de Dieu ; Dieu sait attendre nos pas parfois hésitants vers la conversion ; et Dieu témoigne de sa miséricorde envers tous et même envers ceux qui sont infidèles à leur vocation.
La Sagesse nous fait entrer dans la démarche du « Maître qui épargne tous les êtres, du Maître dont le souffle impérissable anime tous les êtres. »
« Ceux qui tombent, nous dit la Sagesse, tu les repends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils ont péché, pour qu’ils se détournent du mal et qu’ils puissent croire en toi Seigneur. »
Dieu ne connaît pas la haine et n’a de dégoût pour personne. Dieu est patient et veut offrir à chacun la chance de la conversion et de la foi.
Alors, avec l’éclairage du projet de Dieu, nous pouvons porter un jugement sur notre propre jugement. Comment accueillons-nous les frères et sœurs qui proposent des actions inédites pour animer la paroisse ; ne restons-nous pas prisonniers d’un point de vue trop étroit ; un tel, une telle on ne sait pas d’où ils viennent ; il faut se méfier…
D’autre part, et cela pour un bon équilibre, Paul nous dit même de ne pas perdre la tête et de ne pas se laisser effrayer devant des manifestations magnifiques ou des révélations sur les temps futurs. Dans la communauté de Thessalonique, il y avait un petit groupe d’illuminés qui annonçaient à qui voulait bien l’entendre l’imminence du Retour du Christ.
Paul réagit vigoureusement contre ces gens-là dans sa deuxième lettre à la communauté. La vie chrétienne ne consiste pas en extase perpétuelle devant une soit-disante révélation ; et là je cite St Paul : « qu’il vous donne d’accomplir le bien que vous désirez et qu’il rende active votre foi. »
Aussi sachons conseiller la modération et la paix à nos frères ou sœurs abusés par du merveilleux. Et rappelons-nous que notre vocation est de travailler jour après jour à l’instauration du Royaume dans l’espérance de la venue du Christ.
La miséricorde de Dieu est magnifiquement traduite par Jésus qui rencontre Zachée. Pourquoi Zachée monte-t-il sur un arbre ? Bien sûr nous savons que Zachée est de petite taille, logique pour voir et juger de la situation de prendre de la hauteur. Mais au fond de lui-même, lui le publicain méprisé, même haï par ses compatriotes, peut-être veut-il en étant perché dans les branches du sycomore, peut-être espère-t-il être reconnu par ce rabbin, ce Maître dont tout le monde parle.
Et voilà que Jésus, contre toute attente, a posé le regard sur lui. Un regard sans jugement, sans mépris. Zachée s’est senti aimé, et il a pu descendre de son arbre ; il accepte d’être simplement ce qu’il était un homme petit, et même plus petit que les autres. Tel est le premier signe d’une véritable rencontre avec Jésus : le personnage que l’on s’était construit pour se défendre du regard des autres commence à se dégonfler comme un ballon percé.
Et Jésus continue la conversion de Zachée : « il faut que j’aille demeurer chez toi. » Zachée doit accueillir chez lui, dans sa maison, au plus intime de lui-même, le regard qui lui a rendu sa véritable dimension.
Si nous sommes ce matin dans cette église, c’est parce que le Christ nous y a appelés, c’est parce que nous sommes tous des convertis à l’amour de Dieu. Mais sommes-nous allés plus loin comme Zachée ; accueillons-nous le regard de Jésus au plus intime de nous-mêmes ou bien le laissons-nous à la porte de notre maison ? Arrivé dans sa maison avec Jésus, Zachée a bien entendu les mépris des gens qui ont suivi : « Il est allé loger chez un pécheur. » Zachée va-t-il se formaliser du regard méprisant des autres ? Non, il va tirer parti de l’attitude de ces donneurs de leçons pour descendre encore plus profondément en lui-même. Il sait les tricheries, les détournements de fonds, il sait ce qu’il fait, il sait qu’il doit réparer. C’est le second signe d’une rencontre authentique avec Jésus ; nous avons besoin de réparer ce que nous avons brisé.
Désormais, pour Zachée, plus que son image, plus que sa réussite ou sa richesse, c’est le regard de Jésus qui compte. Ce regard est devenu sa véritable richesse, son véritable trésor. Plus besoin de grimper sur un tas d’or pour être grand. Sa valeur, sa richesse, sa force et sa gloire, c’est tout simplement le regard de Jésus posé sur lui.
L’est-il pour nous aussi ?
Amen.