33ème Dimanche du TO

 

Luc 23, 35-43

 

 Aujourd’hui l’évangile nous donne une image insolite de la royauté. Dans notre imagination, dans le souvenir de nos cours d’histoire à l’école, nous avons une image idéalisée de la royauté. Or l’image que nous donne l’évangile aujourd’hui est  tellement dérisoire. Jésus est Roi, cela ne fait aucun doute, mais d’une manière tellement différente de l’image idéalisée du roi, du chef, du père qui a tous les dons, tous les pouvoirs, et que nous regardons avec un sentiment double d’admiration et de crainte.

Jésus se proclame Roi, tout en refusant de se conformer au modèle universel. La couronne d’épines, l’élévation sur la croix, les moqueries des soldats et des chefs du peuple sont l’inverse, la caricature des honneurs qui sont accordés aux rois de ce monde.

Luc, en décrivant un décor totalement contraire à une cour royale veut nous faire saisir la radicale nouveauté de ce nouveau Roi, de cet autre Royaume, que Jésus est venu proclamer. Où se trouve la clef, la compréhension de ce nouveau Royaume ? Certainement dans le dernier verset de l’évangile d’aujourd’hui.

Alors que le bon larron, peut-être pas aussi bon que cela car il reconnaît sa mauvaise conduite : « après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons », alors que le bon larron vient de prier Jésus de se souvenir de lui, quand il viendrait comme Roi, Jésus lui répond en effet : « Vraiment, je te déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».

Il ya dans cette réponse de Jésus deux mots, deux mots qui viennent changer totalement la vision que nous pourrions avoir de sa Royauté de Jésus. Ces deux mots sont « avec moi ». La Royauté de Jésus n’a rien à voir avec la distance respectueuse que les puissants de ce monde affectent avec certaine condescendance vis-à-vis du peuple qui les acclame.

La Royauté de Jésus n’est pas cette majesté dédaigneuse de ceux qui se penchent sur la misère des autres sans jamais les avoir effleurées du bout des doigts. La Royauté de Jésus, bien au contraire, c’est ce compagnonnage, ce compagnonnage d’humanité, parce que cette humanité, il l’a partagée, avec ses forces et ses faiblesses, notre humanité il l’a assumée jusqu’au bout. Nous allons entrer dans le temps de l’Avent, nous allons attendre la venue de l’Emmanuel, « Dieu avec nous ». Oui Dieu est là, bien là avec nous. Dieu est là, tout proche, si proche même que nous avons du mal à le reconnaître, à croire en lui.

Quel est donc, en effet, cet étrange Royaume où le Bon Berger part à la recherche de la Brebis perdue pour la ramener sur ses épaules ? Quel est donc cet étrange Royaume où c’est Dieu lui-même qui se met à servir les convives, à leur laver les pieds ?

Si le Christ est bien Roi, c’est à la manière unique et singulière de Dieu ; car sa royauté ne consiste pas à prendre mais à donner la vie, à donner sa vie, en nourriture, afin que nous ayons la vie, que nous l’ayons en plénitude. Je me permets pour terminer de citer notre pape François qui disait lors de la messe des Rameaux : « le bois de la Croix est le trône de Jésus ». Et lors de la messe d’inauguration du pontificat, le 19 mars ; « N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le pape lui aussi, pour exercer le pouvoir, doit entrer toujours plus dans ce service qui a son sommet lumineux sur la Croix ».

Enfin, en nous invitant à méditer le mystère de l’eucharistie, le pape Jean-Paul II a désiré que nous puissions, dans ce mystère du don total du Christ, que nous puissions redécouvrir le sens de cette autre Royauté, le goût de cet autre Royaume qui n’est pas de ce monde et où nous sommes tous invités à la suite du bon larron.

 

Amen


 

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