Homélies

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  • Etienne 1er martyr

    Etienne 1er des diacres, 1er martyr

     

    En faisant mémoire de Saint Etienne comme nous pouvons d’abord nous poser la question du diaconat. Comment et pourquoi, ou encore pourquoi et comment cela est équivalent, comment et pourquoi devient-on diacre ?

    Les versets des actes des Apôtres qui précèdent ceux que nous avons lus nous renseignent sur cette démarche. Il s’agit dans l’Eglise apostolique des 1ers temps, c’est-à-dire dirigée par les apôtres eux-mêmes, il s’agit de s’organiser et surtout d’organiser les tâches matérielles.

    Car il semble bien que les Apôtres soient un tantinet débordés : il n’est pas normal que nous délaissions la Parole de Dieu pour le service des repas (Ac 6,2)

    En clair, les Pères Landry et Jean-Pierre n’auront plus beaucoup de temps pour préparer leurs homélies, dire leurs bréviaires, célébrer les sacrements, enseigner au grand séminaire etc…, s’il leur faut tous les matins ouvrir le portail et les salles de la paroisse, de veiller à la propreté de l’Eglise, des terrains et du cimetière, de réparer les réseaux d’électricité ou d’évacuation des eaux usées, j’en passe et des meilleures.

    Quelle est la solution envisagée par les Apôtres : « Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, qui soient des hommes estimés de vous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse et nous leur confierons cette tâche » (Ac 6,3)

    Et ces sept hommes vont être ordonnés : « On les présenta aux Apôtres et ceux-ci, après avoir prié, leur imposèrent les mains ». Ce fut la première ordination dans l’Eglise.

    Alors vous allez me dire c’est très bien comme ça : les diacres Léon et Maurice, les élèves diacres éventuellement vont faire le sale boulot, les corvées et nous, nous allons pouvoir nous consacrer à nos dévotions.

    Vous avez bien compris que ce n’est pas tout à fait de cette manière que cela fonctionne. Et nous avons eu la preuve ces derniers jours que les disciples de l’Eglise qui est à Punaauia souvent savent partager le service. Depuis trois jours la fourmilière s’est mise au travail, chacun son secteur, sa spécialité. Et aujourd’hui, cela continue, la fête peut battre son plein dans la joie d’être ensemble. Seul peut être, frère soleil et d’autre frères et sœurs feront grise mine, mais tant pis pour eux. Dieu vomit les tièdes.

    Nous voilà tous serviteurs à l’exemple de notre Saint Patron, Etienne le premier des diacres, homme rempli de foi et d’Esprit Saint. Etienne, premier diacre, Etienne premier martyr.

    Pourquoi premier martyr ? J’oserai dire parce que Jésus l’a annoncé.

    Nous venons de l’entendre dans l’Evangile : « vous serez livrés aux tribunaux, on vous flagellera dans les synagogues ».

    Cette situation prédite pas jésus est dramatique. C’est ce qui s’est passé dans les premiers temps de l’Eglise : « ils se précipitèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et commencèrent à lui jeter des pierres… ».

    C’est aussi ce qui se passe pour nos frères chrétiens du moyen orient ; Irak, Iran, Egypte, …de l’Inde ou de l’Indonésie. Dans certains pays, c’est à coups de bombes qu’on oblige les gens à fuir sous d’autres cieux…

    Nous les disciples de Jésus de la paroisse de Saint Etienne de Punaauia, nous n’avons pas à affronter de telles épreuves. Mais nous pouvons pourtant être appelés à « tenir bon » comme nous le demande Jésus. Tenir bon surtout dans des situations de contre témoignage qui nous font mal ; quand nos adolescents se détournent ou abandonnent la foi que nous leur avons transmise, quand dans le groupe de prière une parole injuste nous blesse, quand au bureau ou à l’atelier nous recevons moquerie de la part des collègues parce que nous osons nous dire chrétiens et ne pas suivre les slogans à la mode … 

    Tenir bon comme Etienne, ne pas perdre l’espérance, croire envers et contre tout que Dieu ne peut nous refuser la grâce qui nous permettra de résister au jour le jour aux tentations, d’abandonner…

    Tenir bon dans la foi comme Etienne, c’est peut être mystérieusement contribuer à aider des frères dans une détresse plus grande encore, tenir bon dans l’épreuve, c’est communier à la passion du Christ qui sauve le monde.

    Amen.

    Père Jean-Pierre POTELLE - Dimanche 27 janvier 2013 - Eglise de Saint Etienne


  • Lumière du monde

    Lumière du monde

     

    Tout le monde le sait, une lampe est faite pour éclairer, par pour être cachée … Mais ce que veux d’abord nous faire découvrir Jésus, et il serait étonnant que cela ne soit déjà fait, ce que Jésus veut nous faire savoir, c’est qu’il y a en chacun de nous une part d’ombre, il y a dans notre âme toujours cet endroit plus gris, plus caché.

    Aussi la lumière doit prendre toute sa place. Comme la lumière d’une lampe donne forme et couleur à tout ce qui nous entoure, la lumière du Christ doit donner tout son sens à notre vie.

    Il est la Lumière du Monde, Il nous ouvre le chemin. Et à notre tour, nous devons porter la lumière à notre tour, être des porte-Christ. La clarté et la joie de notre vie toute simple doit rayonner de Sa présence en nos cœurs, car en Christ, nous sommes tous enfants de lumière. Amen.

    Père Jean-Pierre POTELLE - Jeudi 31 janvier 2013 - Chapelle Sainte Maria GORETTI


  • La Bonne Nouvelle

    Homélie du jeudi 07 février 2013

    Évangile de Jésus Christ selon Saint Marc 6,7-13.

     

    Pourquoi Jésus impose t-i à ses disciples qu’il envoie porter et transmettre la Bonne Nouvelle, pourquoi leur demande-t-il de ne rien emporter pour la route en se confiant à l’hospitalité des gens.

    Ce que Jésus veut dire à ses disciples à travers ses consignes d’austérité, de pauvreté, c’est que la Parole de Dieu est d’un tel poids qu’il ne faut pas emporter beaucoup d’autres choses pour la porter et la transmettre.

    Rappelons ici que le terme hébreux « kàbôd » que l’on traduit par le mot « gloire » appartient à la racine « kbd » et signifie « ce qui donne du poids » Le poids de la Parole de Dieu c’est la gloire de la Parole de Dieu, ce qui en impose, ce qui donne de la considération.

    Nous n’avons pas tous une vocation de prédicateur errant, Jésus ne demande pas à tous d’aller sur les routes, comme Saint François d’Assise. Mais nous pouvons de cet épisode évangélique tirer au moins deux enseignements :

    Premier enseignement : nul bien, nulle richesse ne saurait être plus précieux que la Parole de Dieu : « A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » Jn 6, 68

    Tout le reste nous sera enlevé un jour, seule demeurera cette Parole semée en nos cœurs ; et qui ne passera pas. Que ce soit donc là notre trésor : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur »

    Et deuxième enseignement : nous pouvons aussi comprendre que nous serons d’autant plus disciples de Jésus que manifestement, la Parole de Dieu aura plus de poids en nos vies.

    C’est dans la mesure où nous sacrifions à la parole de Dieu, à la vie en Dieu, d’autres valeurs, désirables en elles même, telle la sécurité affective, la sécurité matérielle, c’est dans la mesure où nous vivons de la Parole de Dieu que nous en serons témoins. Amen.

     

    Père Jean-Pierre POTELLE - Jeudi 07 février 2013 - Chapelle Sainte Maria GORETTI


  • Mercredi des Cendres

    Homélie du mercredi des Cendres

    Avec des mots très symboliques, le Livre de Joël (notre 1ère lecture) commence par nous décrire une catastrophe qui s’abat sur le peuple d’Israël :

    « Un peuple attaque mon pays, il est puissant et innombrable ». (Jl 1, 6)

    Quel est ce peuple puissant et innombrable ; ce sont les nuages de sauterelles qui dévastent les cultures : « Ses dents, des dents de lion, il a des mâchoires de lionne. Il fait de ma vigne un désert, mes figuiers il les réduit en  pièces, il les pèle, il les jette à terre » (Jl 1, 7)

    « Les champs sont dévastés, les terres en deuil » (Jl 1, 10)

    Alors le prophète appelle la communauté à prendre le chemin de la pénitence. Car pour les hommes de la Bible, le désastre économique, sécheresse plus sauterelles, était la preuve de leur péché. Chacun, quel que soit son âge ou sa fonction ; les anciens, les petits enfants et les nourrissons, les jeunes mariés, les prêtres et ministres du Seigneur. Tous sont appelés à se convertir. Se convertir c’est d’abord prendre conscience de son péché. C’est important. Dieu n’aime pas trop les hypocrites qui disent : « moi je n’ai pas de péché ».

    Reconnaître que nous sommes pécheurs, oui ! Mais l’essentiel c’est d’abord de reconnaître que le cœur de Dieu est tout prêt à pardonner. Il est notre Dieu, ce Père sur le pas de sa porte, le regard tourné vers l’horizon où il espère voir venir son fils prodigue, vers l’horizon où il espère nous voir venir. Le prophète Joël nous l’a dit magnifiquement : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements et revenez au Seigneur votre Dieu, car Il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour (Jl 2, 13)

    Durant ce Carême, il nous faut entreprendre un triple effort :

    Prendre conscience de son péché et lutter contre notre péché. L’Eglise nous propose le jeûne et l’abstinence pour nous aider à nous éloigner de nos désirs de nourriture et des plaisirs divers pour nous tourner vers Dieu. Mais rappelons-nous qu’à l’heure actuelle le poisson vaut plus cher que la viande. Aussi je vous propose d’autres jeûne ou d’autres abstinences. Nous pouvons faire le jeûne de juger les autres. Et au contraire découvrir le Christ qui vit en eux. Nous pouvons faire abstinence de paroles blessantes, et au contraire se remplir des mots qui guérissent. Nous pouvons faire le jeûne de se donner trop d’importance et au contraire se remplir de compassion pour les autres. Chacun, chacune d’entre nous, le prêtre, le diacre, le mari, l’épouse, l’enfant de la catéchèse ; chacun, chacune peut trouver facilement un jeûne, une abstinence qui sera agréable à Dieu.

    Deuxième effort de Carême : se tourner vers Dieu pour le reconnaître comme notre Père, un Père dont l’amour est à la fois miséricordieux et exigeant. Alors le Carême doit être l’occasion de raviver, de vivifier notre prière quotidienne ; fini le rabâchage, mais une prière qui soit un véritable cœur à cœur avec notre Papa du ciel. Et puis ce n’est pas le plus facile, mais non pas le moins important ; lire et méditer la Parole de Dieu, c’est-à-dire les textes du missel pour le temps de Carême.

    Et enfin, parce que nos fautes et nos péchés sont un contre témoignage aux yeux des incroyants, il nous faut renverser la vapeur, que notre communauté montre l’exemple d’une vie chrétienne enracinée dans la charité authentique, que ce dont on se prive serve aux plus démunis, et que nous soyons attentifs à la misère physique ou morale des plus pauvres, que nous soyons vraiment avec eux pour les aider à s’en sortir. Se reconnaître pécheurs, tomber dans les bras de Dieu, être avec nos frères les plus pauvres, c’est ce triple effort qui est la vrai conversion.

    La conversion qui est de tous les jours, mais que l’Eglise nous demande d’accentuer dès aujourd’hui pour que notre chemin vers Pâques soit grand ouvert.

     Père Jean-Pierre POTELLE - Mercredi 13 février 2013 - Saint Etienne de Punaauia


     

  • Jonas

    « Il y a ici plus que Salomon, plus que Jonas »

     

    Oui, nous le savons et l’oublions parfois ; il est plus que le roi le plus sage, plus qu’un grand prophète. Il est la lumière, la source d’eau vive, il est notre réconfort.

    Le Carême est un temps favorable pour s’approcher plus près de lui, pour s’attacher à sa personne. En prenant plus encore conscience de l’incroyable don que Dieu nous fait en nous donnant Son Fils.

    Nos contemporains, les gens comme l’on dit familièrement, sont en attente, ne sachant pas quoi ou qui comblera leur attente, leur vide. Alors se multiplient les gourous, les guides spirituels et c’est la course aux addictions ; les prix les moins chers, le prochain gain du loto, les drogues de toutes sortes, fausses lumières, lumières pâlottes qui ne mènent qu’au désespoir.

    Dans notre prière, dans cette Eucharistie, portons avec respect et tendresse ceux de nos proches et ceux que nous ne connaissons pas qui vont ça et là à la recherche d’un bonheur facile car ils ne connaissent pas le Christ.

    Amen

     

    Père Jean-Pierre POTELLE - Mercredi 20 février 2013 – Saint Etienne de Punaauia

  • Demandez, vous recevrez !

     

     

    Évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu 7,7-12.

     

    « Demandez et vous recevrez »

     

    Cette Parole d’Evangile est rassurante. Comme Esther s’était rassurée en rappelant à Dieu qu’il avait fait pour Israël tout ce qu’il avait promis. Nous sommes rassurés, Dieu est pour nous, Il est de notre côté et Il pourvoit à tout ce dont nous avons besoin pourvu que nous Lui demandions.

    Mais quand les choses ne vont pas comme nous l’espérions, quand notre démarche ou celles de nos proches aboutit à un échec, nous ne sommes pas loin de penser que Dieu ne nous entend pas ou encore qu’Il ne nous répond pas.

    En effet, il est facile de mettre nos échecs, nos malheurs sur le compte du Bon Dieu. Pourquoi Dieu a-t-Il permis cela ? Entend-on souvent quand il y a une catastrophe dans le monde. Oui, cela est trop facile d’accuser le Bon Dieu. Car savons-nous toujours ce qui est bon pour nous ?

    Est-ce que notre demande est une bonne demande ? Ce que Dieu attend de nous, c’est une démarche active, puis Il agit. Aide-toi et le ciel t’aidera !

    Et puis, si nous savons fermer notre bouche et canaliser notre imagination (la folle du logis), nous pourrons entendre Dieu qui vient purifier les aspirations de notre cœur.

    Qu’’il nous suffise de savoir que, dans Sa tendresse, notre Dieu comble toujours notre attente, mais avec la délicatesse et l’amour d’un père pour ses enfants, et pas toujours comme nous l’avions prévu dans nos projets humain.

    Amen

     

    Père Jean-Pierre POTELLE - Jeudi 21 février 2013 – Sainte Maria GORETTI


  • La Transfiguration

    Dimanche de la Transfiguration _ Luc 9, 28b - 36

     

    Nous allons aujourd’hui méditer la Parole de Dieu à partir d’une seule petite phrase, cette phrase qui termine le récit de la Transfiguration : « on ne vit plus que Jésus seul ».

    C’est ce que constatent les trois disciples qui ont accompagnés Jésus sur la montagne. Une montagne dont on ne connaîtra par ailleurs jamais le nom. Dans son évangile, Matthieu parle d’une haute montagne. Il a voulu probablement signifier que la révélation dernière a lieu non sur la sainte montagne de Sion mais sur la montagne eschatologique, c’est-à-dire le lieu où à la fin des temps afflueront toutes les nations.

    Revenons à nos disciples. Après tout ce qu’ils viennent d voir, les voilà replongés dans la vie de tous les jours, dans la banalité de tous les jours. Comme nous, quand nous quittons Tibériade ou Cana après une retraite spirituelle illuminée et fortifiante et que nous rentrons dans notre milieu de vie habituel.

    Moïse, Elie, la nuée et la voix ont disparu. Jésus est là seul devant eux. Mais je crois qu’il faut interpréter ce verset : « On ne vit plus que Jésus seul » d’une manière différente, d’une manière positive.

    Les disciples avaient été subjugués, entraîné par les signes, les miracles de Jésus auprès des foules. Après la Transfiguration, ils ne verront plus que Jésus seul ; tout le reste, l’admiration des foules, les miracles et prodiges passent au second plan.

    Maintenant ils sont fascinés par le mystère de Jésus, ce secret qu’il porte en lui, cette relation si intense, si lumineuse au Père.

    Les disciples avaient suivi Jésus pour pouvoir entrer, participer au Royaume de Dieu. Aujourd’hui ils ont reçu bien plus qu’un royaume, ils ont vu Dieu lui-même. C’est un bouleversement, un renversement sur le chemin de la foi. Jésus n’est plus porteur d’un message, Il est le message lui-même. Et les disciples commencent à percevoir que ce qui compte, ce n’est pas tout ce que Jésus accomplit, ni même ce qu’Il dit, mais ce qui compte, c’est ce que Jésus est, qui Il est.

    Cette expérience vécue par Pierre, Jean et Jacques sur la haute montagne, nous aussi nous sommes appelés à la vivre un jour. Au début de notre foi, en famille, à la catéchèse paroissiale, ou lors de notre conversion nous avons eu besoin et nous avons cherché des signes, des preuves, des certitudes. Cela est parfaitement normal. Nous sommes faits comme cela, nous avons besoin de voir, de toucher, d’être confirmé dans la foi.

    Et un jour, Jésus devient le cœur de notre vie. Ce ne sont plus les expériences spirituelles ; consolations ou exaltations, repos de l’Esprit ou cœur brûlant, aussi fortes, aussi belles soient-elles qui nous portent, mais c’est lui « Jésus seul » qui devient peu à peu notre raison de croire, notre raison d’aimer, notre raison d’espérer.

    Ce ne sont plus les réussites et les joies de notre vie chrétienne qui nous portent …

    Monseigneur Joseph DORE, ancien archevêque de Strasbourg écrit dans son livre intitulée « Peut-on vraiment rester catholique ? », il écrit : ‘à travers toutes les étapes de ma vie, avec les questionnements qu’elle avait pu comporter, il y avait eu finalement une référence digne de ce nom et une seule ; à savoir Jésus, la figure, le comportement, le message, le destin, le mystère de Jésus Christ ».

    Et il continu en disant : « il m’a semblé clair que j’étais demeuré chrétien, c’était purement et simplement à  cause de Jésus.

    Monseigneur Joseph DORE conclut par cette phrase très humble : « Oui, il a bel et bien décidé de tout pour moi. Au point d’abord que je n’ai fait le choix de devenir prêtre qu’à cause de Lui et de l’’évangile qu’Il a annoncé ».

    Oui, frères et sœurs, nous connaissons des jours sombres, des tempêtes, des moments de découragements et de lassitude, mais nous faisons alors l’expérience étonnante, difficile à exprimer, malgré nos manquements, malgré toutes nos faiblesses, que c’est lui, Jésus seul, qui nous porte, que c’est Lui qui est notre raison de vivre.

     

    Amen.

     

    Père Jean-Pierre POTELLE - Dimanche 24 février 2013 – Sainte Maria GORETTI


     

     

  • Servir Jésus

     

    Évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu 20,17-28.

    Avec l’évangile de ce jour nous sommes dans le grand décalage. D’un côté la parole de Jésus, de l’autre les pensées des disciples ou du moins de certains d’entre eux par maman interposée. D’un côté l’annonce de la passion, de l’autre l’ambition de convoitise de la première place : « l’un à ta droite, l’autre à ta gauche ».

    Et pourtant Jésus reste calme, il ne s’indigne pas, il prend ses disciples là où ils sont : « vous ne savez pas ce que vos demandez ».

    Les disciples en sont encore au désir de réussir, de réussir leur carrière. Avec une grande pédagogie, Jésus va élever le débat, va élever leurs pensées et réorienter leur désir.

    Ces deux disciples, Jacques et Jean, fils de Zébédée, c’est en fait nous-même. Jésus nous apprend qu’aimer c’est passer de la domination au service : « celui qui veut devenir grand sera votre serviteur, celui qui veut être le premier sera votre esclave »

    Le temps de Carême est peut-être le temps le plus favorable pour chercher notre façon particulière de servir où nous sommes, dans notre communauté, notre paroisse, notre famille. Et sans oublier que le plus sûr moyen pour devenir serviteur de ses frères est de s’attacher à la personne de Jésus. Lui seul sait ce que servir signifie.

    Amen

     

    Père Jean-Pierre POTELLE - Mercredi 27 février 2013 – Saint Etienne de Punaauia


  • N'est pas prophète dans son pays

    Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc 4,24-30.

     

    Les gens de Nazareth connaissent bien Jésus. Puisqu’Il a vécu au moins 30 ans parmi eux, qu’Il a joué avec eux quand Il était gamin, qu’Il a fait des meubles ou des charpentes pour eux quand Il secondait son père Joseph le charpentier. Et que dire de Marie Sa mère, une femme respectée dans tout le village.

    Alors pourquoi cette rage, cette colère meurtrière contre leur compatriote ? Parce que ces croyants juifs et pieux refusent de voir Dieu s’occuper de l’étranger, du païen, de celui qui n’est pas comme eux. Oui, ils sont furieux, d’entendre Jésus rappeler qu’un prophète, celui qui porte la Parole de Dieu, tels Elie et Elisée, qu’un prophète est pour tous.

    Furieux d’entendre Jésus rappeler qu’un prophète témoigne par ses actes de l’immense bonté de Dieu pour chaque homme, chaque femme et surtout chaque enfant. Alors nous, nous qui croyons à la Bonne Nouvelle du salut pour tous les hommes, n’ayons pas peur d’annoncer cette Bonne Nouvelle hors de nos cercles familiers ; chez les pauvres et les riches, chez les païens et chez ceux qui ont plus ou moins abandonné leur baptême, les bandits, les pécheurs. Et tant pis pour ceux qui pensent que le Bon Dieu est réservé aux gens bien.

     

    Amen

     

     

    Père Jean-Pierre POTELLE – Lundi 4 mars 2013 – Saint Etienne de Punaauia


     

     

  • Choisir son camp !

    Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 11,14-23.

     

    Aujourd’hui, il s’agit de choisir son camp. Jérémie se lamente sur le peuple, le peuple infidèle à son Dieu : « Voilà bien la nation qui n’a pas été attentive à la voix du Seigneur son Dieu et ne s’est pas laissé former par Lui ! La fidélité est morte, on n’en parle plus. »

    La fidélité du peuple est morte certes, mais non la fidélité de Dieu. Dieu que le psaume 94 décrit comme un rocher : si la fidélité des hommes est défaillante, la fidélité de Dieu ne saurait fléchir. Cette fidélité à toute épreuve, Jésus la réclame de ses disciples : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi. »

    Pour ou contre Jésus ! Il faut choisir et tenir. Il n’y a pas de situation intermédiaire ! Jésus n’aime pas les demis teintes ; « mais parce que tu es fidèle, et non froid ou bouillant, je vais te vomir de ma bouche. » Ap. 3, 16

    Jésus n’aime pas ceux qui reculent : « J’ai contre toi que ta ferveur première, tu l’as abandonnée ». Ap. 2, 4

    Les pharisiens jouent aussi la reculade ; s’engager pour Jésus, le reconnaître comme Fils de Dieu est trop difficile pour eux, ils préfèrent le traiter d’imposteur. Jésus leur rappelle qu’Il fait le bien au Nom de Son Père. Aussi tout homme qui accomplit le bien envers ses frères, tout homme qui se bat contre les atteintes à la dignité humaine, choisit le Christ et rend nécessairement gloire à Dieu même s’il ne le nomme pas, parce qu’il a résolument choisit le parti de la vie et de l’amour dans le Christ.

     

    Amen

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE_Jeudi 7 mars 2013_Sainte Maria GORETTI


     

     

  • Le fils prodigue

     

    4ème dimanche de Carême.

    Josué 5, 10-12 ; 2 Corinthiens 5, 17-21 ; Luc 15, 1-32


     

    La première lecture fut très courte ; Josué 5, 10-12 c’est-à-dire trois versets, trois petits versets. Mais c’est un évènement fondamental pour le peuple hébreux que nous décrivent ces trois petits versets.

    Quel évènement ? « Ils mangèrent cette année-là ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan ». Le peuple hébreux qui depuis quarante ans était nomade, éleveur de bétail, dans le désert, s’est installé au pays de Canaan et devient un cultivateur sédentaire.

    Un monde nouveau s’offre à eux. Avec le danger de se tourner vers les idoles de ce nouveau monde. Mais Dieu ne l’entend pas ainsi, le monde nouveau est un monde à bâtir.

    Alors je pense à nous. Quelle est notre attitude quand, dans la paroisse, il y a un grand changement ? Le départ de Monseigneur Michel a été un choc très fort pour nous tous. Mais avons-nous été accueillants vis à vis de la nouvelle équipe ou boudeurs parce que du «temps de Mgr. on faisait comme cela… » ou « comme ceci »  et que c’était mieux ?

    Acceptons nous avec joie les changements d’organisation ; équipe de tavini, cellule communication ; messe tous les dimanches dans les deux chapelles… ?

    Notre monde change à très grand vitesse, sommes-nous des éternels boudeurs ou de ceux qui prennent à bras le corps ce monde nouveau pour lui révéler l’évangile ?

     Est-ce que les catéchistes ont accueilli avec joie la nouvelle méthode proposée et n’ont pas boudé en se voyant forcés de se mettre en question dans leur vieille pratique…

    Saint Paul nous l’a confirmé dans sa lettre aux Corinthiens : « le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né ». Il nous faut sans cesse passer un cap, une étape, ne pas rester en arrière. Et cette progression, ce chemin doit être sans cesse marqué, jalonné par des temps de réconciliation : « Au Nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »  nous adjure encore Saint Paul.

    Si l’évangile n’aboutit pas à la réconciliation, il n’est rien d’autre que des mots qu’en refuse à croire.

    Sommes-nous des serviteurs de la réconciliation, en sachant nous réconcilier avec Dieu, avec notre prochain et en aidant les autres à se réconcilier entre eux ?

    Et puis nous arrivons à Luc chapitre 15,  la fameuse parabole du « fils prodigue ».  On vous a dit souvent que cette parabole devrait plutôt s’appeler  la parabole du « Père prodigue ». En effet, elle nous décrit un papa qui nous saute dans les bras pour nous embrasser quand enfin nous revenons à la maison.

    Jésus pourtant nous parle de deux fils dès le début de l’histoire : « un homme avait deux fils… » Et il revient à la fin : « le fils aîné était aux champs… ».

    Il s’agit en fait d’une seule et même histoire : l’histoire d’un homme qui avait deux fils. Chacun des fils va son chemin. L’un s’en va, l’autre demeure, reste à la maison. Et malgré cette différence des chemins parcourus, ces deux hommes font l’expérience de la solitude, de l’abandon, de la tristesse. Le fils cadet après avoir dilapidé son bien fait l’expérience forte de sa propre insuffisance, sa pauvreté.

    Devant l’accueil que son père réserve au plus jeune ; « les beaux vêtements, la bague, les sandales et le veau gras… » Devant cet accueil l’aîné se sent écarté, frustré, méconnu ; il attendait tant de son père et il a le sentiment d’être trompé lui qui avait tout fait pour ne pas lui déplaire.

    Tous les deux ont eu la même réaction ; celle de ne plus vouloir être fils. Jésus nous montre alors que l’attitude du Père est identique dans les deux cas. C’est lui le Père qui vient à la rencontre du fils prodigue : « il courut se jeter à son cou et le couvrit de baiser ».

    C’est lui le Père qui vient à la rencontre du fils aîné : « son père qui était sorti, le suppliait ».

    C’est lui le Père, qui révèle à ses deux fils que l’amour ne s’achète pas, ne se mérite pas, mais qu’il nous précède toujours. Dieu nous a aimés en premier. 1 Jn 4, 10 : « Voici  ce qu’est l’amour, ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est  lui qui nous a aimé » et 4, 19 : « Nous nous aimons parce que Lui, le premier nous a aimé ».

    Le cadet et l’aîné ont à devenir fils. Et pourtant ils ne comprennent pas qu’en acceptant d’être fils ils ont vocation à devenir, malgré tout ce qui les sépare, à devenir frère l’un de l’autre. C’est aussi notre vocation. Saint Jean encore le rappelle fermement dans  1Jn 4, 20. ; « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu, qu’il ne voit pas ».

    La parabole du « fils prodigue » ou plutôt celle des « deux fils », nous rappelle donc que l’amour de Dieu est inséparable de l’amour de nos frères, et surtout de ce frère qui est à côté de nous, en ce moment même à la messe, ce frère trop connu parce qu’on le fréquente chaque jour à la maison, au travail, si proche au point que nous oublions parfois qu’il est lui aussi, Fils de notre Père.

     

    Amen.

     

    Père Jean-Pierre POTELLE - Dimanche 10 mars 2013 – Saint Etienne de Punaauia


     

     

  • Rameaux

    Bénédiction et procession des rameaux

    Luc 19, 28-40

     

    Quand un nouveau roi de Judée, obligatoirement un descendant de David, venait à Jérusalem pour se faire couronner, il était monté sur un ânon. Les juifs attendaient qu’un Messie vienne de la même manière débarrasser la ville de ses pécheurs et se faire proclamer roi.

    Le Christ en entrant dans Jérusalem sous les acclamations de la foule réalise cette expérience. Mais le trône d’où Il règnera sera la Croix et sa couronne sera faite d’épines. Pour régner avec le Christ sommes-nous prêts à le suivre jusqu’à la Croix, jusqu’à donner notre vie dans l’amour et le dévouement pour les autres ?

    D’autre part, le Christ ne peut régner que sur des cœurs humbles, capables d’écouter les autres, capables de nous estimer petits devant Dieu ? Sommes-nous vraiment pacifiques et décidés à faire la paix autour de nous ; dans nos maisons, nos lieux de travail partout où nous sommes ?

     

    Père Jean-Pierre POTELLE / Dimanche des Rameaux 24 Mars 2013 – Saint Etienne


     

     

  • Messe de la Passion

    Messe de la passion

    Isaïe 50, 4-7  -  Philippiens 2, 6-11  -  Passion selon Saint Luc

     

    Jésus est entré triomphalement dans Jérusalem sous les acclamations de la foule. Mais nous savons que ces foules se sont rapidement, sous la conduite des chefs religieux de l’époque, que ces foules ont vite abandonné leur Messie d’un jour.

    Mais comme le serviteur de Dieu que nous a décrit Isaïe, le Christ lui n’a pas abandonné sa mission. « Je sais que je ne serais pas confondu » déclare le serviteur de Dieu. Jésus Christ est de la même trempe, même abandonné par les admirateurs d’un jour et par certains disciples, il montera à Jérusalem subir sa passion pour sauver son peuple.

    Et nous ? Dans les moments d’échec ou quand l’envie de tout abandonner nous prend, sommes-nous encore plus vigilants dans notre prière ? Sommes-nous toujours prêts à ne pas refuser les appels de Dieu ?

    Saint Paul a des soucis avec les chrétiens de la communauté de la ville de Philippe ; certains créent des clans, d’autres veulent affirmer une certaine supériorité, etc…

    Paul n’essaie pas de remettre les choses en place par un beau discours plein de pédagogie et de bon sens. Paul invite ses frères à contempler l’attitude de Jésus Christ qui n’a été guidé que par l’amour des autres : Il s’est abaissé jusqu’à eux « prenant la condition de serviteur », Il a tout partagé de la vie des hommes jusqu’à leur pauvre mort humaine, et quelle mort ! « Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, Il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir sur une croix. »

    Frères et sœurs, faisons attention à nos jugements. C’est le plus petit, celui qui s’est oublié le plus, pour le service des autres que Dieu déclarera le plus Grand dans Son Royaume.

    Est-ce bien dans cet esprit d’humilité et de service que nous nous préparons à vivre la semaine Sainte ?

     

    Amen

     

     

    Père Jean-Pierre POTELLE // Messe de la Passion _ 24 Mars  2013 // Saint Etienne


  • Qui est-ce ???

    Qui est-ce ?

     

    Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 13,21-33.36-38.

     

    Le moment est dramatique, Jésus sent monter en Lui l’angoisse, « il fut bouleversé au fond de lui-même » nous dit St. Jean.

    Et Jésus annonce la trahison de l’un des leurs. Aussi la question du disciple bien aimé ; « Seigneur, qui est-ce ? » peut paraître bien anodine, banale, voire inutile face au drame qui se joue à cet instant. Mais derrière cette question simple on peut déjà percevoir le trouble des disciples. C’est Pierre qui a demandé à Jean de poser la question.

    Pierre sent-il déjà monter en lui le reniement ? Les autres disciples ont-ils déjà envie de prendre leurs jambes à leur cou et de se sauver loin, bien loin.

    Et nous ! Dans nos nuits de souffrance, dans nos nuits de doute ne sommes-nous pas tentés de marcher dans les ténèbres de la trahison, ne sommes-nous pas tentés de demeurer dans les ténèbres du reniement ?

    Et pourtant c’est à ce moment-là, dans la nuit où il fait nuit que le Fils de l’Homme est glorifié et que le salut nous est donné gratuitement si nous ouvrons nos yeux et nos cœurs.

     

    Amen.

     

    Père Jean-Pierre POTELLE – mardi 26 mars 2013 – St. Etienne


  • Le Lavement des pieds

    Homélie du Jeudi  Saint (Jean 13,1-15)

    LAVEMENT DES PIEDS

     

     Avec cette page de l’Evangile de Saint-Jean, s’ouvrent les jours de la Passion. Ce soir, je vous propose de méditer le premier verset.

     « Il les aima jusqu’au bout ».

    Alors que Jésus s’apprête à donner sa vie par amour, nous découvrons la profondeur de ce don : « il les aima jusqu’au bout ». Le contexte dans lequel Jésus aime est celui de la trahison de Judas, son ami, celui en qui il avait placé sa confiance.

    Nous avons du mal à aimer celui qui nous trahit, parfois même, nous ne voulons même plus le croiser sur notre route. Jésus aime Judas, il lui lave les pieds, il lui partagera aussi son corps et son sang ….

    En Judas, c’est nous que Jésus aime jusqu’au bout, nous qui ne cessons de le trahir par tous nos péchés, petits et grands.

     Jésus nous aime jusqu’au bout

    - La première exigence pour comprendre ce que veut dire être aimé, et être aimé jusqu’au bout, est de se mettre en mouvement.

    - En effet, Jésus nous invite d’abord à venir dans le Cénacle. Il nous faut monter, discrètement, parmi les disciples rassemblés autour de lui. Là, notre Seigneur livre ses pensées les plus intimes.

    - Ceci nous ouvre à la seconde exigence de l’amour : se mettre à l’écoute….

     

    Mais savons nous vraiment l’écouter ?

     Jésus nous aime dans l’état où nous sommes, comme il a aimé Judas.

    Judas va trahir Jésus, C’est dans ce climat que Jésus « se met à laver les pieds des disciples ». Plutôt que de faire de grands discours, Jésus « pose » un geste. C’est à travers ce geste que Jésus se révèle à nous, comme un Dieu qui prend la dernière place pour nous faire participer à sa vie.

    L’insistance de Saint-Jean sur ce comportement de Jésus ne trompe d’ailleurs pas : « Jésus se lève de table, quitte son vêtement, prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture ». Saint-Jean n’omet aucun détail.

    Il veut que nous voyions bien ce qui se passe. Il veut imprimer cette scène dans nos cœurs comme elle est imprimée dans le sien.

    Chaque geste traduit la délicatesse du maître, sa totale disponibilité pour le service. Mais ce geste dérange. Car il ne suffit pas de dire que le Maître prend la place de l’esclave pour rendre compte de la surprise des disciples. Il faut se rappeler que le lavement des pieds, est un rituel qui a lieu normalement au moment de l’accueil des convives, c'est-à-dire avant le repas, pas au milieu. Et surtout qu’il ne pouvait être accompli que par un esclave... Certainement pas par le Maître des lieux !

    Etre aimé jusqu’au bout c’est donc se laisser faire par le Seigneur.

    Cet acte d’humilité que Jésus pose envers  ses disciples, manifeste son amour. Comment nous situons-nous dans cette démarche ? Ne sommes nous pas souvent comme Pierre  qui réagit :

     « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ». Sa réaction est caractéristique de celui qui n’accepte pas de se laisser servir, de se laisser aimer.

    Certes, le geste de Jésus peut le gêner, mais pourtant, s’il veut vraiment être disciple et ami  du Christ, il doit accepter de se laisser initier par Jésus.

    Jésus répond alors à Pierre : « Si tu ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi. » le fait de laver les pieds fait entrer les disciples dans une communauté, celle des croyants et le baptême, qui nous a lavés de nos péchés en est la marque. De par notre baptême,  nous participons nous aussi à cette vie nouvelle que communique Jésus : « nous avons part avec lui. »

    Puis, il pose cette question à ses disciples: « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? » cette question il la pose aussi aujourd’hui,  à chacun d’entre nous. Comprenons-nous ce que Jésus a fait ?

    Jésus accomplit là,  un geste qui ne peut laisser indifférent. Les disciples ont vécu une expérience, qu’ils ne comprendront que plus tard, quand Jésus sera ressuscité. Pour le moment, ils sont dans l’ignorance.

    - Jésus révèle alors le sens véritable de l’autorité : « Vous m’appelez « Maître » et « Seigneur », et vous avez raison.

    Se mettre ainsi aux pieds de ses disciples, dévoile que la Seigneurie du Christ consiste à faire grandir l’homme, à lui permettre de donner le meilleur de lui-même. Aimer, c’est faire grandir l’autre, c’est lui révéler sa grandeur.

    Aimer ce n’est pas un pouvoir qui écrase, c’est un service qui relève et fait croître en charité. Ainsi nous appelle nous aussi à faire de même, à aimer

    « C’est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

    Le message est clair : une fois rentrés chez nous, il nous faudra laver les pieds de nos frères, c'est-à-dire de trouver les gestes de service réciproque qui disent l’amour de charité qui constitue l’Eglise.

    Comment faire de même ? Comment nous laver les pieds les uns les autres ? Nous laver les pieds les uns les autres, c’est accepter de faire partie de cette communauté autour de Jésus, c’est accepter de servir chacun, sans distinction sans a priori, sans restriction. Nous ne pouvons rester indifférents à ce qui se vit dans le monde.

    Nous devons vivre de cet amour les uns pour les autres pour témoigner de l’Evangile. Le Seigneur compte sur nous…

    - Mais pour que nous en ayons la force, il nous invite à sa table. En effet, l’enseignement ne s’arrête pas à ce geste symbolique. Une fois le lavement des pieds achevé, Jésus revient à table et partage le pain.

    A ceux dont il a lavé les pieds, Jésus donne son corps en nourriture et son sang en boisson. Voilà le témoignage d’un amour allant jusqu’au bout. A ceux qu’il a aimés d’un amour qui fait se mettre au service de l’autre, sans recherche de soi, Jésus se livre, il se donne pour ne faire qu’un avec eux. Et pour qu’eux-mêmes ne soient qu’un. C’est le sens du commandement « faites cela en mémoire de moi ».

    La table eucharistique est donc la table de la fraternité. Pas seulement la table de la convivialité, mais celle d’une fraternité qui révèle son visage et son origine dans le service des autres.

    Celui qui prend le pain partagé à cette table ne peut pas, ne doit pas, rester insensible à l’exigence de service de ses frères, de tous ces frères, quels qu’ils soient, un nécessiteux ou un membre de notre propre famille.

    Aimer jusqu’au bout, c’est aimer avec la radicalité dont Jésus nous rend capables d’aimer. C’est aimer en respectant sans concession l’appel de Jésus. En mettant en pratique toutes les exigences, les plus grandes comme les plus petites, qui sont liées à notre état de vie.

    - Le sacrement de l’Eucharistie est le plus  grand trésor que Jésus nous offre¸c’est le plus grand, parce qu’il nous permet d’accueillir l’initiative d’amour de notre Seigneur, de garder vivante la mémoire de sa volonté sur nous, et parce qu’il possède la vertu de mettre en œuvre son commandement d’amour. Il est tellement précieux que nous allons tout à l’heure consacrer une partie de notre nuit  à l’adorer.

    Mais ce n’est pas tout. Ce verset, « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'au bout », nous rend aussi une idée précise du climat de cette nuit unique. La nuit qu’il fut livré. Les sentiments que Jésus a éprouvés, les angoisses qu’il a traversées, nous nous les rappelons en cette nuit. Ils nous motivent à rester avec Jésus ce soir.

    Non pas pour éviter qu’il soit seul. Les disciples se sont tous endormis, nous ne valons guère mieux.

    Rester auprès de Jésus eucharistie ce soir, c’est dire à Jésus :

    « Merci Seigneur d’avoir choisi d’aller jusqu’au bout pour notre liberté. Merci Seigneur d’avoir bu la coupe amère de la trahison et de la mort pour nous faire revivre. Ton sacrifice n’est pas vain, nous l’accueillons. Ton sacrifice portera du fruit dans nos vies. Emerveillés devant la gratuité de ton amour, nous aussi nous sommes désireux d’aller jusqu’au bout, d’aimer jusqu’à nous donner nous-mêmes, d’aimer jusqu'au bout.

    L’amour est l’héritage le plus précieux que Jésus laisse à ceux qu’il appelle à sa suite.

    Or cet amour, partagé entre ses disciples, est ce soir offert à l’humanité entière.

    Qui ira le leur porter ? Telle est notre responsabilité ; telle est notre réponse.

    Seigneur, tu nous as aimés jusqu’au bout, nous irons porter cet amour jusqu’au bout de notre cercle familial, social, humain ; tu nous as aimés jusqu’au bout, nous remercions en mettant cet amour en pratique jusqu’au bout de tes exigences.

    Il est grand le mystère de la foi que nous célébrons ce soir !

     

    Amen !

     

    Joé THOMPSON – Prédication du Lavement des pieds du Jeudi Saint à Saint Etienne / 2013

  • Vous ne me croyez pas !

    Evangile : Jean 10, 22-30

     

     Avez-vous remarqué quelque chose de particulier à la lecture de l'évangile ?  

    Si oui, dîte-moi. 

     Si non,  c'est que vous n'étiez Pas à la messe dimanche dernier , ou qu'y étant, à cette messe, vous avez mal éccouté , ou encore que votre mémoire ne fonctionne plus très bien ! 

    Nous avons lu aujourd'hui, du moins  en partie, le même évangile que dimanche dernier : " Mes brebis écoutent ma voix, moi je les connais"

    Mais nous allons nous intéresser à la première partie de cet évangile , première partie que nous n'avons pas encore entendue , sinon ce soir . 

    Que dit Jésus? 

    Il dit, en s'adressant aux juifs, mais peut-être à nous aussi : " je vous l'ai dit, mais vous ne me croyez pas"

    Voilà Jésus encore embarqué dans un dialogue de sourds. Ils ne veulent rien entendre avec leurs deux oreilles ; ils ne veulent rien voir avec leurs deux yeux. En fait c'est leur coeur qui est fermé. Is ne voient pas les oeuvres que Jésus accomplit au nom de son Père; c'est à dire qu'ils ne sont pas capables de voir le Christ à travers les gestes d'amour, de compassion que chaque jour nous recevons. 

    Oui, frères et soeurs , ouvrons les yeux de notre coeur pour discerner le Christ à travers les présents que nous offrent nos frères. Et surtout partageons largement la joie de Pâques. 

     

     Homélie du P Jean Pierre POTELLE , le mardi 23 avril 2013, à la chapelle de ND de l'Annonciation.


  • 2ème Dimanche de Pâques

    Ce n’est pas un détail que Jean nous rapporte là.

    Comme les apôtres étaient rassemblés, unis dans la prière, Jésus était venu et nous dit Jean «  il était là au milieu d’eux ». Alors ils sont dans la joie. Et cette joie profondément ressentie par les apôtres, Thomas n’avait pas pu la partager, parce qu’il « n’était pas avec eux ».

    Pourquoi Thomas est-il absent ?

    Peut-être est-il trop peiné de la mort de Jésus et il veut s éloigner du groupe. Peut-être veut-il tourner la page, recommencer une vie nouvelle où Jésus ne serait plus qu’un souvenir douloureux. Et pour recommencer une vie nouvelle, il faut se séparer de ceux que l’on avait l’habitude de fréquenter. Et puis Jésus n’est plus là, alors à quoi bon ?

    Mais Thomas revient quand même les voir, une dernière fois peut-être : «  Huit jours plus tard,… Thomas était avec eux », nous dit St Jean qui veut nous faire comprendre quelque chose d’essentiel, quelque chose de fondamental pour notre foi.

    Le signe véritable pour Thomas ce n’est pas tant d’avoir vu et touché Jésus mais c’est d’avoir pu vivre cette expérience au cœur de la communauté, avec ses frères. S’il était resté dehors, seul, jamais il n’aurait pu vivre cela.

    L’expérience que vient de vivre Thomas au milieu de ses frères c’est l’expérience de l’Eglise des premiers temps ; C’est une expérience de communion dont les moments forts sont l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain, la participation aux prières.

    La présence de Jésus, l’expérience communautaire des disciples, avec Thomas retrouvé, nous pouvons la vivre aujourd’hui si nous voulons. Pour transformer nos cœurs de pierre en cœurs de chair, Jésus nous invite à sa Table pour recevoir sa Parole et communier à son corps livré !! Si nous voulons que le monde change, que la paix soit dans toutes les maisons de la Terre, nous avons besoin de recevoir la force de Jésus pour que l’amour triomphe de la mort du péché ! C’est parce que nous aurons appris à aimer, comme il nous a aimé que nous pourrons parler d’amour aux hommes que nous rencontrons chaque jour.

    L’Eglise, notre communauté est cette maison du cœur, cette demeure de miséricorde où l’on apprend à vivre comme Dieu ; en regardant Jésus et en regardant tous ceux qui vivent de la vie de Dieu : ici à Outumaoro nous avons Marie de l’Annonciation comme modèle, à la paroisse c’est le diacre Etienne, le premier martyr après Jésus, et Maria Goretti ; plus près de nous une Mère Térésa modèle de charité pour les plus misérables, Jean Paul II le pape de l’espérance. Toutes ces personnes étaient des êtres humains comme nous. Ils se sont laissés transformer par la puissance de l’Evangile, ils ont aimé l’Eglise !

    Nous aussi aimons notre Eglise, aimons notre communauté, et Dieu nous rendra meilleurs.

    AMEN.

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - 2ème Dimanche de Pâques - St. Jean 20, 19-31

  • 3ème Dimanche de Pâques

    "Suis-moi"

    Jésus apparaît une troisième fois aux disciples. Et cette fois, remarquons-le, Thomas est bien présent à côté de Pierre et des autres disciples. Mais ce n’est pas la folle ambiance, Jean note un certain désarroi, une certaine appréhension des disciples : «  Ils n’osaient pas lui demander : Qui es-tu ? ». Ils sont bien au chaud autour du feu, le jour va bientôt se lever, la question leur brûle les lèvres. Mais ils n’osent pas.

    C’est pourquoi Jésus prend l’initiative. Mais  non comme on pourrait s’y attendre ; il ne répond pas à la question, il pose une question à Pierre. Il l’appelle par son nom et lui demande «  Simon fils de Jean, m’aimes-tu ? ». On change de registre. Ce n’est plus Pierre qui doute de l’identité de Jésus, de sa résurrection, c’est Pierre qui doute de lui-même. « Pierre qui es-tu ? » « Qu’est-ce qu’il y a au fond de ton cœur ? ».

    Ce que nous découvrons à travers le récit de cette apparition du Christ ressuscité, c’est que la rencontre de Jésus n’est pas d’abord une réponse à nos attentes, à nos doutes, à nos expériences, mais c’est d’abord une question. Rencontrer le ressuscité, c’est rencontrer notre propre misère, notre propre lâcheté ; c’est faire l’expérience, parfois jusqu’aux larmes, de notre incapacité à aimer vraiment , à aimer jusqu’au bout.

    Pour les disciples il ne s’agit plus tant de croire en Jésus, mais plutôt de répondre à nouveau et sans restriction à cette invitation de Jésus : «  Suis-moi » qui termine le beau dialogue avec Pierre. Et il en est de même pour nous. Pour un chrétien ce n’est plus tant de sa foi qui est mise en question, c’est de sa manière de vivre : à chacun de nous Jésus demande : « m’aimes-tu ? ».

    Nous sommes invités à vivre, comme Pierre, comme les premiers disciples ce complet retournement. Désormais pour nous les croyants «  vivre c’est le Christ ». Notre problème ce n’est pas de prouver l’existence de Dieu, mais d’en vivre et d’en vivre jusqu'à donner notre propre vie pour lui. C’est ce que nous ont rappelé les Actes de Apôtres : «  Sortant du grand conseil, ils repartaient tous joyeux d’avoir été jugé dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus ».

    Dans notre monde hyper médiatique, les flots de paroles et d’images n’ont plus d’impact. Ce qui peut toucher les hommes et les femmes de notre temps, ce ne sont pas toutes les paroles savantes ou émouvantes que nous apporterions. C’est dans la mesure où nous nous laisserons toucher par les demandes de Jésus : «  M’aimes-tu ? » que notre vie deviendra parabole, signe du Royaume, c’est dans la mesure de notre adhésion, de notre configuration au Christ que nous deviendrons l’Eglise.

    AMEN.

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - 3ème Dimanche de Pâques - Ac 5, 27-41; Ap 5, 11-14; Jn 21, 1-19


  • 4ème Dimanche de Pâques

    C’est au matin de Pâques que tout avait commencé pour les apôtres. Ce fut la découverte du tombeau vide. Le corps de Jésus n’était plus à l’endroit où il aurait dû être. Le premier signe de la résurrection, ce que constatent les saintes femmes et Pierre et Jean, c’est une absence.

    Puis, très vite, sont venues les apparitions. Mais avec les apparitions le doute a aussi  taraudé l’esprit des disciples. Thomas voulait toucher pour croire. Toucher les mains, les pieds du Seigneur pour y constater la blessure des clous. Et c’est quand Jésus les invitent à partager le repas, du poisson grillé, sur la plage, qu’enfin la joie et la paix promises par le Ressuscité s’enracinaient dans leurs cœurs. Oui les disciples avaient été lents à croire. Il leur avait fallu du temps.

    Et maintenant c’est eux qui sont affrontés à l’incrédulité, à la mauvaise foi même, de leurs frères juifs. Nous l’avons entendu tout à l’heure dans la première lecture : «  Quand les juifs virent tant de monde, ils furent remplis de fureur ; ils repoussaient les affirmations de Paul avec injures ».

    De son côté Jean nous décrit cette « foule immense » de témoin qui « viennent de la grande épreuve », qui ont « lavé leurs vêtements dans le sang de l’Agneau ». Le monde aussi a besoin de temps pour se convertir. L’Evangile d’aujourd’hui nous parle aussi de ce temps qui n’est plus le temps de l’absence et du tombeau vide, qui n’est plus le temps des apparitions du Ressuscité, mais qui est le temps de vivre au jour le jour entre les mains du Père et du Fils. Les disciples, après l’épreuve, après le doute, font l’expérience d’être dans les mains de Jésus, dans «  la Main du Père ». Et ils savent maintenant que rien ni personne ne peut les arracher de sa main : « personne ne les arrachera de ma main » personne ne peut rien arracher de la main du Père déclare le bon pasteur. (ie le vrai pasteur)

    Cette main du Père est toujours là. C’est l’Eglise qui nous soutient dans le combat du doute et de l’épreuve. Ce sont les témoins et martyrs de la foi qui nous ont précédés qui nous soutiennent. Et l’Eglise nous appelle à entrer à notre tour dans ce peuple en marche vers le Royaume. C’est aujourd’hui donc, la journée de prière pour les vocations. Oui il faut prier. Prier pour que Dieu éveille dans le cœur de nombreux jeunes garçons et filles, le désir de tout quitter pour vivre l’Evangile et l’annoncer de par le monde.

    Mais ces vocations peuvent-elles naître et grandir sans être soutenues par la main de Dieu. Or maintenant cette main de Dieu c’est nous, si nous nous sommes levés pour témoigner de notre joie de croire, cette main de Dieu c’est nous si nous nous sommes laissés toucher par l’appel du Christ à vivre de son Evangile où que nous soyons en tout temps ?

    Alors posons-nous la question ; qu’avons-nous fait de notre vocation à la sainteté à laquelle, par notre baptême, nous sommes tous appelés ?

    AMEN.

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - 4ème Dimanche de Pâques - Jn 10, 27-30 ; Ac 13, 14-43-42 ; Ap 7, 9-17


  • 5ème Dimanche de Pâques

    A écouter la lecture des Actes des Apôtres, on pourrait penser que Paul et Barnabé sont des touristes heureux. Non ce n’est pas du tourisme que cette visite des Eglises, c’est une visite pastorale. Paul porte le souci de toutes les communautés chrétiennes qu’il a fondé lors de ses voyages missionnaires. Il revient les fortifier dans la foi, les encourager face aux persécutions, redresser éventuellement leurs erreurs, les organiser en leur donnant des « Anciens » pour les encadrer (Rappelons que le mot « Ancien » se dit en grec « presbyteros » qui a donné le mot français « prêtre »).

    Et Paul prend soin de partager avec tous : « Ayant réuni tous les membres de l’Eglise, il leur racontait tout ce que Dieu avait fait avec eux et comment il avait ouvert aux nations païennes la porte de la foi ».

    Pour notre part puisque maintenant nous avons la télévision et internet, est-ce que nous nous tenions au courant de la vie des Eglises d’autres pays ou continents ? Avons-nous conscience d’être frères et sœurs en Christ de millions de personnes de par le monde ? Est-ce que nos groupes de prières prennent le temps de partager leurs découvertes et prennent le temps de se réjouir ensemble quand dans un quartier cela bouge sans l’action des chrétiens ?

    Le livre de l’Apocalypse (rappelons qu’apocalypse ne veut pas dire catastrophe ; il n’y a pas de Bruce Willis, de Will Smith, de Sylvester Stallone et encore moins d’Arnold Schwarzeneger  dans cette histoire ; mais révélation). Le livre de l’Apocalypse donc nous décrit la fin des temps non comme une destruction  mais comme une transformation, comme si les nuages se déchiraient  et nous révélait à nos yeux le vrai monde : « voici la demeure de Dieu avec les hommes, il demeurera avec eux et ils seront son peuple… il essuiera toute larme de leurs yeux… il n’y aura plus de pleurs de vis, ni de détresse ».

    Que faut-il penser de ces bonnes paroles ?

    Peut-on maintenant se croiser les bras en attendant des jours meilleurs ? Les pauvres ne vous inquiétez pas un jour vous serez riches…

    Non bien sûr. Il nous faut croire que Dieu est passionné par tous nos efforts pour explorer et aménager la création qui nous a été confiée. Il nous faut croire que Dieu est passionné par tous nos efforts  pour rendre notre société meilleure, pour aider les plus démunis à retrouver toute leur dignité. Nos efforts  ne sont pas voués à l’échec, nos réalisations matérielles ou sociales bâties pour le bien commun seront aussi transfigurées ; croyons qu’au dernier jour Dieu viendra parachever l’œuvre des hommes ses fils.

    L’œuvre des hommes sera parachevé par Dieu ; l’œuvre du Fils sur cette terre est achevé : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » nous a dit St Jean dans l’évangile. Judas est sorti, tout peut s’accomplir. L’amour du Christ est parfaitement révélé par son sacrifice et sa résurrection. Jésus a parfaitement réussi sa vie.

    Réussi sa vie ! Pour nous et pour nos enfants qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que cela veut dire une vie donnée et généreuse ? A l’image de celle de notre Maître et Seigneur ?

    Jésus nous redit encore aujourd’hui, à nous qu’il appelle « ses petits enfants », Jésus redit : « Comme je vous ai aimé, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ».

    Peut-on dire encore de nos familles, de nos groupes de prières, de notre communauté paroissiale, peut-on dire «  Voyez comme ils s’aiment » ? Car c’est là le seul témoignage irrécusable aux yeux des hommes. L’amour que nous portons les uns aux autres est le seul et vrai témoignage de notre appartenance au Christ.

    AMEN.

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - 5ème Dimanche de Pâques - Ac 14, 21b-27 ; Ps 144 ; Ap 21, 1,5a ; Jn 13, 31-35


  • Pentecôte

    Homélie de la Pentecôte

    Messe de la veille au soir et jour

     

    Après la résurrection de Jésus, les disciples furent déchirés, par des sentiments contradictoires.

    D’une part ils avaient ressenti une joie immense à la vue de Jésus ressuscité ; ils l’avaient vu, l’avaient touché, avaient mangé avec lui. Mais d’autre part, devant la mission qu’il leur proposait ; aller enseigner toutes les nations, devant cette mission impossible, les apôtres avaient fortement ressenti leur faiblesse, leur insuffisance, leur pauvreté.

    Ils étaient cachés derrière les portes de leurs maisons. Comment pouvaient-ils annoncer jusqu’au bout du monde, parmi toutes les nations, la Bonne Nouvelle de Jésus ?

    Jésus n’était plus là, pour les encourager, les soutenir, les bousculer.

    L’expérience de la Pentecôte, c’est d’abord l’expérience d’un retournement, d’une conversion. L’Esprit Saint a d’abord fait éclater leur petit monde centré sur eux-mêmes, sur leur « pito » dirions-nous ici. L’Esprit Saint a fait éclater leurs peurs, leurs doutes, leurs inquiétudes.

    Ce que l’Esprit de Vérité révèle aux disciples, c’est que Dieu est plus grand que toutes leurs peurs.

    La vérité de l’homme n’est pas sa finitude, sa faiblesse, son péché, la vérité de l’homme c’est cet amour infini de Dieu qui nous relève, nous soutient, nous pardonne et nous remet debout.

    Cette expérience de la Pentecôte peut aussi devenir la nôtre. Car il est vrai que nous sommes nous aussi emprisonnés dans nos maisons d’impureté, de jalousie, de haine.

    Nos querelles de toutes sortes nous empêchent nous aussi de laisser se déployer en nous la force de l’Esprit.

    Nous sommes bien souvent centrés sur nous-mêmes, comme rivés à nos propres préoccupations, tellement, que parfois nous nous en rendons malades.

    C’est d’abord de nous-mêmes que nous avons besoin d’être sauvés, d’être libérés.

    Pour cela il faut accueillir l’Esprit qui nous appelle à devenir témoins, c'est-à-dire vivre de la parole de Jésus. C’est accepter de tout perdre en se perdant soi-même.

    Que la Pentecôte soit pour nous une aventure spirituelle ; avec l’Église qui est née ce jour là, nous somme appelés à renaître du souffle de l’Esprit en laissant derrière nous tout ce qui nous empêche de vivre.

     

    Amen. 

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE / PENTECOTE


     

  • Ouvrier de la 1ère et dernière heure !

    Mathieu 20, 1-16

     

    A écouter cette histoire des ouvriers de la dernière heure, nous pouvons être choqués. Surpris et choqués par cette injustice ; ceux qui sont arrivés à la dernière minute, ceux qui n’ont travaillé qu’une seule heure, touchent autant que ceux qui ont « enduré le poids du jour et de la chaleur ».

    Nous sommes surpris ou choqués parce que nous n’avons pas compris l’objectif de Jésus. Notre Seigneur et Maître ne veut pas, ici, nous donner une leçon d’économie ou de justice sociale ; quand Il nous décrit cette journée de travail dans la vigne, il nous parle en réalité du Royaume et de la surabondante bonté de Dieu.

    Dieu se donne à tous et de la même manière au premier comme au dernier arrivé. Si l’on considère le point de vue du Dieu d’amour, la pièce de monnaie, le denier reçu n’est pas une somme d’argent, mais le Christ lui-même. Et chacun reçoit la plénitude de ce qu’il peut recevoir. Ce qu’il peut recevoir c’est à la mesure de son attachement au Christ.

    Une autre image pour nous faire comprendre ce que signifie cette mesure ; elle est de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus si mes souvenirs sont bons ; que notre verre (à boire) soit petit ou grand le Christ va le remplir. Il n’y a plus de comparaison possible ; le petit verre est aussi plein que le grand verre, c’est le Christ tout entier qui se donne à chacun, ouvrier de la première ou de la dernière heure.

     

    Amen.

    Homélie du père Jean-Pierre POTELLE / St. Etienne - 21-08-2013


     

     

  • Matthieu 22, 1-14

    Hier et avant-hier à partir de l’Evangile nous avons déduit que le Royaume des cieux, la vie éternelle c’est Dieu lui-même. Nous avons même dit que la pièce d’argent, le denier, salaire d’une journée de travail, c’est le Christ lui-même. Ce trésor qu’est l’amour de Dieu nous est donné en abondance et surtout à ceux qui en ont le plus besoin : « les derniers seront les premiers »

    Aujourd’hui la formule qui clôt l’Evangile semble bien contradictoire avec ce que nous venons d’affirmer ; « Certes la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux ». Nous revoilà revenu à l’épisode du chameau qui passe par le trou d’une aiguille, alors que le riche ne passe pas, et aussi à la question que Pierre adresse à Jésus : « Qui donc peut être sauvé ? »

    Peut être sauvé celui et celle qui répond favorablement à la sollicitation di Seigneur. Nous nous croyons toujours très occupés par nos travaux quotidiens, voire submergés par notre agenda. Le Royaume de Dieu ne pourra se dévoiler à nos yeux que lorsque nous répondons au frère qui nous sollicite. Ce que n’ont pas fait les invités de la parabole. Ils sont restés enfermés dans leurs préoccupations, leur champ, leur commerce. Ils n’ont pas pris en considération la qualité des émissaires porteurs de la Bonne nouvelle.

    Ont-ils même cherché à connaître qui les invitaient ?

    Alors posons-nous la question : Dieu me dérange-t-Il dans le tourbillon de mes activités ? Et s’Il me dérange, considérons-nous cette intrusion comme une grâce qui me mène à la rencontre de mon prochain, me fait partager sa peine ou me réjouir avec lui.

    Bénissons l’imprévu qui m’ouvre à l’instant de Dieu.

     

    Amen.

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE / Chapelle Sainte Maria GORETTI - 22-08-2013


  • Marc 6, 17-29

    Etrange contradiction :

    « Il était très embarrassé et pourtant il aimait l’entendre »

    Hérode avait peur de Jean, parce que Jean lui disait ses quatre vérités. Pourtant Hérode aimait entendre Jean. Ainsi cela allait bien, on aurait pu continuer sur le chemin de la vérité et du redressement moral. Mais voilà Hérode est un faible et un inconséquent. Il ne réfléchit pas à ce qu’il dit et il est faible de caractère.

    C’est donc Jean-Baptiste, lui qui prouve son courage dans sa parole de vérité, c’est Jean-Baptiste qui paie le prix fort, victime de la haine d’Hérodiade et de la faiblesse d’Hérode. Ils n’ont pas accepté de regarder la vérité en face. Il est vrai que la vérité dérange. Ne dit-on pas familièrement : « Il n’y a que la vérité qui blesse ».

    La vérité nous remet en cause. Pourtant, c’est bien la vérité qui purifie, qui libère, nous fait grandir et nous fait avancer sur le chemin de l’Eternité.

    Dieu est vérité

    Tout au long de l’histoire, des hommes et des femmes ont donné leur vie à la suite du Christ pour la vérité qu’Ils proclamaient. A notre place, à notre mesure soyons ceux-là.

    Amen

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - Sainte Maria GORETTI - Jeudi 29 août 2013


  • 22ème dimanche du temps ordinaire

     

    22ème Dimanche du Temps Ordinaire

    Ben Sirac le Sage 3, 17-29 / Hébreux 12, 18-24a / Luc 14, 1-14

     
     
    Frères et sœurs, 
     
     
    En ce 22ème dimanche du temps ordinaire l’Eglise nous propose des textes de l’AT et du NT qui nous parle essentiellement de première place et de dernière place, d’orgueil et d’humilité, de richesse et de pauvreté. Ben Sirac nous livre son expérience ; il a rencontré bien des hommes d’action exerçant une charge ou une responsabilité importante dans la société. Et il a mis en balance l’orgueil des uns qui pourrissait les meilleures choses par la racine et la douceur et l’humilité des autres qui savaient se faire aimer des hommes et restaient petits devant Dieu. 
     
    En écoutant Ben Sirac, c’est l’occasion de mesurer nos relations. Mettons-nous douceur et humilité dans notre vie, dans nos activités ou imposons-nous notre orgueil à ceux de notre famille, à nos amis, à nos subordonnés si nous sommes gradé, à nos camarades d’équipe ou de travail ? En clair, cherchons nous à imposer nos vues ou à nouer le dialogue avec tous ? Et sommes-nous assez humbles pour nous laisser enseigner par la vie, par les hommes et par Dieu, sans protester sur les évènements ou les personnes nos idées toutes faites, nos jugements abrupts ? Dans l’Evangile, il est donc question de première ou dernière place.
     
    On pourrait être scandalisé par le discours de Jésus. En effet, que propose-t-Il ? Tout simplement, du moins en apparence, une tactique, une stratégie pour être sûr d’avoir la première place : « Ne te mets pas à la première place on risque de mettre devant toi quelqu’un d’important et tu seras obligé d’aller au fond de la salle. Par contre reste au fond et tu vas voir, on va venir te chercher pour te mettre devant. » Jésus semble nous donner ici une merveilleuse leçon de repli stratégique en nous enseignant l’art et la manière de sauver la face, sans pour autant renoncer à nos prétentions d’occuper cette première place.
     
    Chercher la première place fait partie de ces réflexes fondamentaux qui animent l’espèce humaine depuis les origines du monde. Et Jésus veut d’abord nous faire prendre conscience de ce désir qui habite dans nos cœurs. Ce désir d’être toujours le premier qui a entraîné bien des souffrances inutiles, des histoires compliquées, des jalousies stupides et beaucoup d’énergie gaspillée. Jésus nous invite donc à accueillir ce désir si profond d’être le premier, le plus aimé, le seul aimé ; ce besoin de capter l’attention, l’affection, l’amour des autres. Ce désir nous le remarquons facilement chez les autres : « Regarde celle-là, pour qui elle se prend !!! » Mais nous refusons de reconnaître que ce désir est dans notre propre cœur.
     

    Jésus le sait bien ; c’est seulement lorsque nous aurons accepté de regarder en face ce désir qui nous ronge que nous pourrons nous débarrasser des angoisses qu’il produit et de toutes nos comédies et autres jeux hypocrites qui nous font tant de mal.

    Le chemin de l’humilité que nous propose Jésus passe donc par l’acceptation dans le calme de ces forces égoïstes qui agitent le fond de notre cœur. Car c’est de la vérité que peut naître la véritable humilité ; c’est la vérité qui nous rend libres et nous permet enfin d’accepter qu’il existe « quelqu’un de plus important que nous » comme le dit Jésus, quelqu’un qui a besoin de se sentir plus aimé que nous. Aussi, prendre la dernière place ce n’est plus de la stratégie, de l’hypocrisie mais c’est de l’amour.

    Jésus ne nous invite donc pas à jouer un rôle, ni à faire semblant mais plutôt à changer de registre, nous placer sur le registre de l’amour pur. Cet amour-là, nous ne pourrons jamais y accéder si nous n’avons pas fait d’abord la lumière sur ce qui au plus profond de nous-même crie ce besoin de prendre la première place, ce besoin d’exister, cette soif d’être aimé que Jésus est venu exaucer Lui le médiateur de la nouvelle alliance.

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - Saint Etienne et Sainte Maria GORETTI - Dimanche 1er septembre 2013


  • "Tu vois cette femme ?"

     

    Jésus interpelle Simon le Pharisien. Simon qui voit cette femme éplorée aux pieds de Jésus, qui la voit avec dédain et même mépris. Le mépris que tout bon juif accordait à ceux qui étaient désignés comme pécheurs.

    Jésus n’a pas le même regard, Il ne la voit pas comme Simon la voit. Aussi veut-Il ouvrir les yeux de Simon, pour que ce dernier discerne mieux ce qui lui est enseigné. Le Pharisien voit le statut social de la femme et il s’en tient là…

    Jésus, Lui, déplace Son regard ; Il laisse tomber l’extérieur et voit l’intérieur, la sincérité d’un cœur contrit, la sincérité qui s’expriment dans ces gestes fous des larmes et du parfum ; le repentir et l’amour.

    Simon reçoit une bonne leçon, une rude leçon. Acceptons nous, pour nous même cette leçon : à savoir que le Christ n’est qu’Amour et que Son but est de guérir et libérer tout homme de ses préjugés pour dilater son cœur aux dimensions de la miséricorde.

     

    Amen.

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - Jeudi 19/09/2013 - Chapelle Sainte Maria GORETTI. - Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 7,36-50.


     

     

  • Devenir comme les petits enfants !

    Evangile de Jésus Christ selon Saint Luc 18, 1-5

     

    Une discussion agite les disciples, au vu de la mission de Jésus et dans la perspective de la venue du Royaume, cette discussion apparaît comme bien puérile et risible. Mais ne rions pas trop des disciples ; dans notre paroisse il y a aussi des commérages secrets pour savoir qui est le plus important, qui accompli le mieux son service.

    C’est pour cela que Jésus n’y va pas par quatre chemins ; Il prend un enfant et l’approche près de Lui. Par ce geste, alors que les enfants étaient plutôt chassés du cercle des adultes du moins des hommes, par ce geste Jésus semble leur dire : « Arrêtez de chercher à être grand ! Chassez ces idés de grandeur de votre tête, arrêtez d’imaginer que vous êtes les plus beaux, les plus riches. »

    Aujourd’hui Jésus prend un enfant, demain Il se mettra à laver les pieds des disciples et un jour, Il finira par souffrir et mourir sur la croix réservée aux bandits. Jésus n’a jamais cherché la grandeur et la gloire des hommes. Il a accepté d’être petit parmi les hommes, serviteur jusqu’a donner Sa vie pour nous. Si Jésus a pris ce chemin de petitesse, c’est pour nous montrer la grande tendresse de Dieu pour les petits, les pauvres, les humiliés.

    Sommes nous capable de suivre ce chemin ?

    Amen

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE _Lundi 30 septembre 2013_STE.


     

  • 26ème Dimanche du T.O.

    Homélie du 26ème Dimanche du Temps Ordinaire

    Amos 6, 1-7     1Timothée 6, 11-16    Luc 16, 19-31

    Dimanche dernier Amos dénonçait les manœuvres frauduleuses des possédants, des riches, pour augmenter encore et encore leurs revenus et cela aux dépens des pauvres. Aujourd’hui, il enfonce le clou :

     « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem… couchés sur des lits en ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau, ils se frottent avec des parfums de luxe…etc… »

     Nous qui sommes ici rassemblés, nous nous vautrons pas dans le luxe sans nous soucier du pauvre, du moins je l’espère, et de doute façon cela se saurait. Mais regardons de plus près notre façon de consommer les biens de ce monde, surtout au niveau de la nourriture. N’y a-t-il pas de temps à autre du gaspillage, du pain qui va à la poubelle, du gaspillage qui est une gifle donnée aux pauvres de notre pays et à ceux qui de par le monde ne mange pas à leur faim ? Pouvons nous accepter le gaspillage sans broncher ?

     Jésus aussi, dans l’Evangile d’aujourd’hui nous parle de luxe et de pauvreté. Et nous avons l’habitude de lire et d’interpréter la parabole de Lazare et du mauvais riche comme une mise en accusation de la richesse sous toutes ses formes. Une richesse qui serait assimilée à l’égoïsme le plus épais et qui s’opposerait à une pauvreté toute vertueuse.

     Il est vrai que la Tradition de l’Eglise met en relief le vœu de pauvreté. Mais pour lire corectement la parabole du pauvre Lazare et du riche il ne faut pas s’arrêter à ce critère, à cette confrontation : mauvaise richesse, sainte pauvreté. Car Jésus introduit un 3ème personnage : Abraham.

     Aussi surprenant que cela puisse paraître le dialogue se déplace vers le couple homme riche-Abraham. Abraham, père des croyants certes, mais aussi dans la tradition biblique le modèle d’une vie réussie, d’une vie comblée de richesses, de gloire et d’honneur. Selon nos critères habituels, Abraham se situerait donc à l’opposé du Lazare de la parabole.

      Cette arrivée d’Abraham dans le drame signifie pour Jésus que le problème n’est pas de stigmatiser, de critiquer la richesse ou de mettre à l’honneur la pauvreté. Le but de Jésus dans cette parabole, c’est de dévoiler, de mettre en lumière, les ressorts intimes et secrets des choix que nous faisons. Nos choix, nos décisions, qu’est-ce qu’ils révèlent du sens que nous donnonsà notre vie.

     L’homme riche avait 5 frères. Ne sommes nous pas un peu ou beaucoup comme eux, avec des choix et des décisions qui se limitent bien souvent à l’horizon de ce monde. Comme eux, ne cherchons nous pas à satisfaire nos désirs immédiats, à profiter au maximum des palisirs de la vie, saisissant tout ce qui nous tombe sous la main, sans regarder plus loin.

     Jésus nous invite par cette parabole à situer notre existence présente, notre vie sur cette terre dans la perspective de notre vocation de filles et de fils de Dieu. Abraham, au milieu des réussites et des honneurs de toutes sortes, n’a jamais cessé, tout au long de sa vie, de tendre de tout son être vers celui qui l’avait un jour appelé par son nom.

     Abraham est la figure accomplie de cet « homme de Dieu » dont nous a parlé la lettre de Thimotée, cet « homme de Dieu »…irréprochable et droit… « tendu vers » le moment où se manifestera notre Seigneur Jésus Christ. En nous proposant un tel modèle, l’Eglise ne nous invite donc pas à quitter les réalités de ce monde, mais au contraire, à retrouver le sens profond de ce que nous faisons. Tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes a un but, un sens, tout cela est au service d’un avenir qui dépasse infiniment les limites de l’instant présent. Car c’est pour devenir des amis de Dieu que nous avons été créés.

     Et je ne peux, pour terminer, m’empêcher de reprendre les paroles du psaume 118, 33-40 :

     

    « Fermons les yeux ouvrons grandes les oreilles de notre cœur et écoutons »

     

    Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ;

    à les garder, j’aurai ma récompense.

    Montre-moi comment garder ta loi,

    que je l’observe de tout cœur.

    Guide-moi sur la voie de tes volontés,

    là, je me plais.

    Incline mon cœur vers tes exigences,

    non pas vers le profit.

    Détourne mes yeux des idoles :

    que tes chemins me fassent vivre.

    Pour ton serviteur accomplis ta promesse

    qui nous fera t’adorer.

    Détourne l’insulte qui m’effraie ;

    tes décisions sont bienfaisantes.

    Vois, j’ai désiré tes préceptes :

    par ta justice fais-moi vivre.

     

    Amen

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - Paroisse de Saint Etienne de Punaauia


  • Être comme un enfant

    Homélie du lundi 30 septembre 2013

    Evangile :  Luc 9, 46-50

     

    Une discussion agite les disciples, au vu de la mission de Jésus et dans la perspective de la venue du Royaume, cette discussion apparaît comme bien puérile et risible. Mais ne rions pas trop des disciples ; dans notre paroisse il y a aussi des commérages secrets pour savoir qui est le plus important, qui accompli le mieux son service.

    C’est pour cela que Jésus n’y va pas par quatre chemins ; Il prend un enfant et l’approche près de Lui. Par ce geste, alors que les enfants étaient plutôt chassés du cercle des adultes du moins des hommes, par ce geste Jésus semble leur dire : « Arrêtez de chercher à être grand ! Chassez ces idés de grandeur de votre tête, arrêtez d’imaginer que vous êtes les plus beaux, les plus riches. »

     Aujourd’hui Jésus prend un enfant, demain Il se mettra à laver les pieds des disciples et un jour, Il finira par souffrir et mourir sur la croix réservée aux bandits. Jésus n’a jamais cherché la grandeur et la gloire des hommes. Il a accepté d’être petit parmi les hommes, serviteur jusqu’a donner Sa vie pour nous. Si Jésus a pris ce chemin de petitesse, c’est pour nous montrer la grande tendresse de Dieu pour les petits, les pauvres, les humiliés.

     Sommes nous capable de suivre ce chemin ?

     

     Amen

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - Paroisse Saint Etienne de Punaauia


  • Paix à cette maison

    Homélie du Jeudi 3 octobre 2013

    Paix à cette maison – Luc 10, 1-12

     

    Le Christ nous envoie en mission…

     Et Il nous indique comment se préparer à cette mission : « n’emportez ni argent, ni sac, ni sandales… »

    Autrement dit, laissez votre orgueil, votre science, votre titre à la maison. N’emportez avec vous que le message de la bonne Nouvelle. Soyons pauvres, humbles et à la fois riche. Mais riche uniquement d’un trésor inouï : le règne de Dieu qui est tout proche.

    Ce règne, ou Royaume de Dieu qui ne se situe pas à tel ou tel endroit de sorte que l’on puisse dire « il est ici », « il est là-bas » mais qui est au milieu de nous déjà en germe dans le respect infini de l’autre.

    Quel don précieux que d’offrir la Paix. C’est une bénédiction qui libère de tout ce qui nous enferme. Cultivons la paix, Seigneur Jésus, sachons l’accueillir aussi. Le sens de notre chemin avec Toi, Seigneur, c’est de témoigner de Ton Amour pour nous, de pardonner. C’est le service pour nos frères.

     

    Amen

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE – Chapelle Sainte Maria GORETTI – 03-10-2013


  • 27ème dimanche du TO

     

    27ème Dimanche du Temps Ordinaire

    Habacuc 1, 2-3, 2, 2-4 _ 1 Tm. 1, 6-8, 13-14 _ Luc 17, 5-10

     

    Aujourd’hui, chers frères et sœurs dans la foi, les textes nous feront réfléchir sur la profondeur de notre foi. Nous serons questionnés sur le point où nous en sommes arrivés.

    Habacuc, en tant que prophète, promène son regard triste sur le monde ; le serviteur du Seigneur voit que le mal domine partout et il ne peut retenir son cri vers Dieu : « combien de temps vais-je t’appeler au secours ? »

    Et le Seigneur répond à Habacuc. Il est question d’un grand événement qui doit arriver et qui mettra définitivement un terme à la domination du mal : « cette vision se réalisera, mais seulement au temps fixé, elle tend vers son accomplissement, elle ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends là, elle viendra certainement à son heure. »

    Dieu demande à son serviteur de la confiance, beaucoup de confiance, de croire vraiment à la réalisation de ce projet prévu depuis longtemps. Le vrai serviteur est celui qui dans son cœur, espère de toutes ses forces que cela arrivera à coup sûr. Mais en même temps, le vrais serviteur de Dieu ne doit pas être égoïste et attendre la délivrance que pour lui seul, mais il doit croire, espérer, spécialement CET événement en particulier, qui est censé délivrer tout le monde en même temps et de façon définitive ; pas des petites délivrances à gauche à droite, pour un tel ou pour un autre et pour un certain temps uniquement, mais une seule et grande délivrance pour tout le monde DEFINITIVEMENT.

    En effet,  nous voyons souvent les choses de façon égoïste et simpliste dans la foi. Nous pensons souvent que Dieu tient en réserve des cadeaux pour nous, qu’Il n’attend que nos bonnes actions pour nous les distribuer, tout au long de notre vie de chrétiens. Et de l’autre côté, Il tiendrait également en réserve toute sorte de punitions au cas où nous ne mènerions pas une vie assez évangélique.

    Nous voyons un peu Dieu tour à tour comme un père noël ou un père fouettard, un Père à deux faces. Quand nous avons de la chance dans la vie, nous disons : « le Seigneur est surement content de moi ! » et quand nous avons une série de malheur : « le Seigneur est forcément fâché après moi. J’ai dû faire quelque chose qui Lui a déplu ! » Parfois notre foi ne vas pas plus loin que cela.

    Même peut être ce matin, certains en se levant se sont dit : « je vais aller à la messe aujourd’hui pour que le Seigneur me récompense dans la semaine, pour qu’Il exauce une de mes demandes. »

    Au temps de Jésus, on trouvait beaucoup chez les pharisiens cette façon simpliste de voir les choses, basée sur les mérites personnels, et c’était le cas aussi chez les disciples au début. Mais au bout de trois ans vécus avec Jésus, les disciples eux-mêmes s’étaient rendu compte que quelque chose n’allait pas dans cette façon de voir les choses.

    Ils ont souvent vu Jésus avoir des malheurs et des bonheurs comme tout le monde. Il n’a pas spécialement été gâté par les événements. Il a eu faim et soif comme tout le monde. Il dira un jour à quelqu’un qui voulait le suivre : « Le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête », ce qui voulait dire que parfois, Il se retrouvait à dormir par terre, à avoir froid, à avoir chaud, sans toit au-dessus de la tête.

    La dernière phrase du passage d’Habacuc parle du bon serviteur : « celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. » Sur ce point de vue, on peut dire que Jésus a été le serviteur modèle ; Il ne voyait pas son Père comme quelqu’un qui doit absolument le récompenser pour ses bons services. Il apprend à ses disciples à dire : « Je sais que Tu m’exauces toujours parce que Tu m’aimes ! » s’est-il contenté de dire tout au long de Sa vie.

    Surtout que voilà que vient le moment de la montée à Jérusalem, le fameux événement de délivrance promis par le livre d’Habacuc. Jésus sera jugé et condamné. Il subira une mort atroce. La foi simpliste des disciples ne va pas tenir le coup si elle ne passe pas à un autre niveau. Jésus insiste sur la série de malheurs qui va bientôt s’abattre sur Lui, Lui le Bon Serviteur, pourtant fidèle du début à la fin. Ces prévisions plombent complètement l’ambiance générale, mais les apôtres refusent d’entendre ce scénario catastrophe.

    Par contre, les disciples voient en même temps que Jésus n’a pas peur de cet événement ; Il dit même : « il faut que Le fils de l’Homme soit tué et qu’Il ressuscite le troisième jour… » Comme si Jésus lui-même voulait affronter ce malheur ; Il ne cherche pas à l’éviter puisqu’Il dit à Pierre que tous ceux qui veulent l’empêcher d’affronter cet événement sont des « satan. »

    C’est là que pierre et ses compagnons sont perdus ; ils ne comprennent pas très bien pourquoi IL FAUT ; pour il faut absolument aller dans cette direction ; ils ne comprennent pas où Jésus les emmène au final, et ils ne savent pas s’ils vont être assez forts pour le suivre sur ce chemin. Ils demandent alors la force du Seigneur, ils demandent que leur foi soit plus forte : « Seigneur augmente en nous la foi. »

    La Croix du Christ a mis un terme définitif à la victoire de la violence, de l’abomination, de la misère, de la dispute et de la discorde. C’est l’Amour qui a triomphé ce jour-là. Chers frères et sœurs, il faut avoir une foi solide pour voir cette victoire chaque jour car les apparences donnent l’impression que ce sont les violents qui ont tout compris comment doit fonctionner le monde.

    Jésus nous demande de passer à un autre niveau de foi, en nous disant : « Ayez assez de foi pour aimer vos ennemis, pour prier pour eux, pour dire toute sorte de bénédictions pour vos ennemis. » en faisant cela, c’est là vraiment que la victoire de la Croix sera réelle dans le monde

     Il faut commencer par une petite chose toute simple :

    LAISSER LA LUMIERE DU CHRIST ENTRER PETIT A PETIT DANS LA PIECE DE NOTRE CŒUR.

     Vous laissez filtrer un petit rayon de lumière du Christ en ouvrant un seul petit volet et la lumière va commencer à remplir la pièce, chaque fois un peu plus, au point de devenir vous-mêmes, toute la personne « Lumière du Christ. »

    La petite graine de moutarde, la petite foi que vous aviez au début, va fleurir, va sortir de terre, au point de devenir un grand arbre solide. Aucun obstacle ne pourra plus vous résister, même le sycomore, l’arbre le plus dur à arracher, ira se planter dans la mer. Nous ne verrons plus jamais nos malheurs personnels comme un obstacle à aimer nos ennemis.

    Que Dieu nous vienne en aide, aujourd’hui, sur le chemin difficile de la foi. Qu’Il nous aide à être un vrai serviteur de la Croix, qu’Il nous maintienne dans la fidélité afin que nous vivions.

     

    Amen

     

     Homélie du Père Landry BOYER – 27ème Dimanche du T.O.


  • 28ème Dimanche T.O.

    28ème Dimanche du Temps Ordinaire

    Luc 17, 11-19   -   2R 5, 14-17   -   2Tm 2, 8-13


     

     

     « Les neuf autres où sont-ils ? »

    Cette question de Jésus peut être comprise de plusieurs manières. Au moins trois. La première, la plus évidente à nos petits yeux sans lunettes et celle que nous utilisons le plus souvent, c’est de considérer tout simplement que Jésus reproche aux neuf lépreux guéris leur manque de reconnaissance, leur manque de gratitude envers celui qui les avait guéris. Comme si Jésus voulait pointer du doigt l’égoïsme de ceux qui se servent de Dieu pour leur propre bien être, et l’oublient dès que ça va mieux.

    Deuxième manière de comprendre la question de Jésus ; ces hommes sont encore trop légalistes, ils manquent de liberté d’esprit. Au lieu de revenir vers Jésus pour rendre gloire à Dieu, ils ont préféré accomplir jusqu’au bout le précepte de la loi et aller se montrer aux prêtres. Ils ont encore peur de ne pas bien faire. Oui, Jésus les a guéris, et ils lui en sont reconnaissant, mais ils préfèrent rester sous la loi de Moïse et en accomplir tous les rites. Ils n’ont pas saisi que l’accomplissement de la loi c’est la foi en Jésus Fils de Dieu.

    Enfin, et là cela se complique, la question de Jésus peut être interprétée comme une interrogation beaucoup plus essentielle, une question qui interroge notre être profond. Le 10ème lépreux est parti vers les prêtres pour être définitivement purifié. Mais en chemin il revient sur ses pas. Que s’est-il passé ? A-t-il pensé ; « Ah, je suis vraiment un impoli ! Il faut que j’aille dire merci. »

    Pas exactement. Dans son cœur a jailli le souvenir de cette rencontre avec le Maître ; il se souvient comme Israël n’a cessé de faire souvenir des merveilles de Dieu dans son histoire et est ainsi devenu le peuple de Dieu. Le souvenir est le premier mot de la foi d’Israël :

    « Jacob retint le souvenir de cet évènement. » Gn 37, 11.

    « Vous conserverez le souvenir de la Pâque » Ex 12 14

    « Moïse dit : qu’on se souvienne de ce jour où vous êtes sortis d’Egypte. » Ex 13, 3

    Dans la 1ère lecture on voit le Syrien Naaman emporter de la terre d’Israël pour se souvenir de n’honorer que le Seigneur d’Israël. Et Paul qui adjure Timothée : « souviens-toi de Jésus Christ. » Faire souvenir, faire mémoire des merveilles de Dieu dans notre histoire.

    Jésus nous invite à nous interroger sur notre propre destinée. Sommes-nous capables de discerner les traces du passage de Dieu dans nos vies. Notre histoire personnelle est-elle une suite d’évènements dus au hasard, ou bien sommes-nous capables de la relire comme une histoire sainte ?

    Nous avons besoin d’apprendre à reconnaître la bonté de Dieu dans notre passé pour croire en l’avenir. La confiance, la foi, ne s’appuient pas d’abord sur des formules toutes faites ou des institutions vénérables, notre foi repose sur cette expérience intime que Dieu nous accompagne, dès avant notre naissance, et qu’Il nous laissera jamais tomber.

    C’est pourquoi l’Eglise nous invite chaque dimanche à célébrer le mémorial de notre salut, où nous rappelons l’immense amour de celui qui nous a aimé plus que lui-même. L’espérance, la joie ; la paix sont les fruits de ce travail de mémoire, de relecture, d’intelligence que Jésus nous invite à faire.

    La bienveillance de Dieu, sa bonté sans limites, son amour de prédilection nous accompagnent et nous guident. Alors de quoi aurions-nous peur ? Pourquoi serions-nous inquiets d’un avenir qui ne dépend pas de nous ?

    La fidélité de Dieu est notre unique appui. Et nous savons qu’elle ne nous fera jamais défaut.

     

    Amen


     

  • 29ème Dimanche du T.O.

    29ème Dimanche du Temps Ordinaire.


    L1 : Ex 17, 8-13
    Ps : 120(121), 1-2, 3-4, 5-6, 7-8
    L2 : 2 Tm 3, 14 - 4, 2
    Ev : Lc 18, 1-8


     

     

    A quoi ça sert de prier ?


    De nos jours, les gens n’aiment pas faire une chose qui n’a pas d’utilité. A quoi bon, à quoi ça sert de… ? Tous les actes humains sont classés en deux catégories : les actes utiles et inutiles. Les gens ne s’autorisent une action inutile que si l’ordre vient d’eux-mêmes.


    La prière elle-même est interrogée par l’esprit de notre époque, où les gens sont plutôt pressés, une époque où il serait préférable de ne pas s’embarrasser d’actions inutiles. L’argent tient une place importante dans la vie des gens de notre époque et nombreux sont ceux pour cela qui pensent que la prière ne sert à rien, n’apporte rien dans la vie quotidienne, que ce n’est qu’un luxe que certains peuvent se payer, ceux qui ont du temps libre, ou que ce n’est qu’une question esthétique, artistique : c’est beau une personne qui invoque le Seigneur, ça donne un certain style de vie !


    Certainement, quand Jésus s’éloignait du groupe des disciples pour prier à l’écart, ce n’était pas une question esthétique, mais bien une question vitale : ne pas se couper de la source, de l’origine de toutes grâces : le Père. Le dialogue permanent avec le Père est une des choses que le Seigneur Jésus voulait absolument enseigner aux disciples. C’était une des raisons pour lesquelles Jésus les voulaient auprès de lui chaque jour.


    Les lectures d’aujourd’hui cependant ne s’adressent pas uniquement aux prêtres. Un vrai chrétien doit garder un contact permanent avec le Seigneur. Il ne suffit pas de penser que Dieu nous aime, il faut dialoguer en prière constamment avec Lui. A plus forte raison quand on a des responsabilités dans l’Eglise bien sûr.


    L’Evangile nous parle d’une veuve qui veut que justice soit rendue, mais elle a affaire au pire des juges qui puisse exister : un juge qui n’a rien à faire de la justice. Grâce à son obstination, elle obtient quand même justice, mais la justice a été rendue non pas par amour, mais par épuisement de la part du juge.


    En effet, les veuves étaient une catégorie de personne particulière à cette époque : elles étaient à la merci de tous, de leur bon vouloir, bonté éventuelle. Elles ne pouvaient se nourrir seules, elles avaient besoin au moins de la présence d’un fils pour se procurer de la nourriture et la protéger. La perte de son unique fils a fait plonger la veuve de Naïm dans le désespoir en partie pour cette raison. Sans pouvoir, une veuve était donc en danger du point de vue de la justice. Sa seule chance d’être protégée était donc le souci du Juge.


    Jésus utilise cet exemple pour nous parler de son Père, de son souci principal : la venue du Royaume de Dieu dans le monde ! Dieu a besoin que son Règne vienne, que sa volonté soit faîte sur la terre. Ce n’est pas juste une option pour notre monde, c’est la clé pour que cesse toute injustice dans ce monde, pour que toutes les veuves du monde trouvent justice. Dans un monde où l’argent est devenu le pouvoir, les veuves d’aujourd’hui sont les pauvres, les desoeuvrés. Ils ont une situation comparable à celles des veuves de l’époque de Jésus, sans pouvoir, sans recours possible.


    Mais, pour que souci soit aussi le nôtre, quotidiennement, il faut rester brancher à la source, le Père. C’est lui qui est la justice pour tous et en même temps. Il compte sur nos bras pour réaliser cela, des bras levés comme ceux de Moïse tout le temps de la bataille contre l’ennemi. Se couper de Dieu nous ferait très vite oublier le pourquoi de notre baptême et donnerait alors la défaite à toutes les veuves du monde.


    L’Eucharistie nous branche directement à la grâce. Jésus n’est-il pas le cep et le chrétien le sarment ? Sans ce contact permanent, nos tentatives de sauver le monde sont dérisoires : « sans moi vous ne pourrez rien faire ; si vous vous détachez de la vigne, vous ne porterez pas de fruits ». N’en déplaise à certains qui pensent que l’on pourrait se passer de l’Eglise pour aider le monde, nous sommes convaincus, nous les chrétiens, au contraire, que si Dieu n’est pas au centre de notre action, chaque jour, nous sommes inefficaces devant les milliers de sycomores à déraciner.

     


    Amen.


     

  • 30ème Dimanche du T.O.

    30ème Dimanche du Temps Ordinaire C.

    Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18,9-14.

    Les lectures de ce 30ème Dimanche du Temps Ordinaire, nous invitent à méditer les pensées du Seigneur, sa façon de regarder le cœur des hommes et de comparer cela avec notre propre manière à nous, de juger les hommes. Nous avons tous tendance à penser à la place du Seigneur en matière de mérite et de punition. Quand la Bible nous dit que « les pensées de Dieu sont au-dessus de nos pensées comme les étoiles au-dessus de nos têtes », nous l’appliquons partout sauf dans le domaine du jugement. Nous sommes souvent persuadés que notre jugement est très proche de celui du Seigneur ; cela paraît tellement évident de juger qui mérite que Dieu écoute sa prière et qui ne mérite pas.

    Aujourd’hui, Jésus va nous montrer, à travers la parabole du pharisien et du publicain, qu’il vaut mieux ne pas trop se prendre pour le Seigneur quand il s’agit de juger ce que notre prochain a dans le cœur. Le Seigneur nous présente deux personnages très connus à cette époque en Palestine : d’un côté nous avons le pharisien ; c’était une personne très estimée des juifs. Il représentait l’idéal pour celui qui voulait vivre les commandements de Dieu avec authenticité et héroïsme. D’une manière générale, le pharisien était envié car il atteignait un niveau que les autres juifs ne pouvaient espérer. Pour eux, les pharisiens étaient loin devant. Leur place au paradis était assurée. Ils étaient tellement rigoureux dans leur observance de la Loi que le Seigneur devait à coup sûr être satisfait d’eux. Leur prière, à n’en point douter, était sûrement entendue et exaucée. Le niveau d’estime des gens (et donc certainement de Dieu aussi) pour les pharisiens était donc au maximum à cette époque.

    Jésus rajoute encore quelque chose quand il nous présente ce pharisien : il prie, il jeûne, il fait la charité plus que les autres pharisiens. Donc, non seulement il est pharisien, mais il va plus loin encore que ses pairs. Bref, c’est le boss, le meilleur de ce qui pouvait se faire dans la profession quoi !

    A l’inverse, d’un autre côté, Jésus nous présente un publicain. Tout le contraire du pharisien. Les gens les détestaient carrément. Ils étaient perçus comme des collaborateurs des romains parce qu’ils avaient accepté de prélever l’impôt pour eux ; de plus, ils percevaient un supplément et ne regardaient pas à la situation de la personne. Même les pauvres n’étaient pas épargnés.

    Cette catégorie de juifs était coupée du monde religieux. Ils n’étaient pas acceptés dans les synagogues, là où les gens les connaissaient en tout cas. Tout le monde était persuadé que la prière de ces gens-là n’avait aucune chance de parvenir aux oreilles du Très-Haut. Ce n’était donc pas la peine d’essayer d’entrer dans la maison du Seigneur. Seule peut-être la situation de la prostituée était aussi peu enviable à l’époque. Bref, au niveau de l’estime des gens, (et donc certainement de Dieu aussi), le niveau était le plus bas possible pour un publicain.

    Et là aussi Jésus rajoute encore quelque chose pour ce publicain qui a osé entrer dans la maison de Dieu : il s’est mis dans un coin pour ne pas qu’on le remarque et il n’osait pas lever les yeux.

    On voit bien que Jésus n’a pas pris deux personnes au hasard. Il les a choisi parce qu’aux yeux des gens ils étaient exactement à l’opposé.

    Mais il y a une chose qui va faire toute la différence, qui va inverser le « classement ». Le premier va devenir dernier et le dernier va devenir le premier. Cette chose, c’est l’acte de contrition ! Jésus ne conteste pas que le pharisien est méritoire, héroïque mais il lui reproche deux choses qui réduisent à néant son « avance » si l’on peut parler ainsi : la première, il oublie qu’il est pécheur comme tout le monde, la deuxième, il en vient à mépriser son frère, celui qu’il est censé aider à progresser vers Dieu.

    De l’autre côté, Jésus ne fait pas d’éloge des actes mauvais du publicain, mais il a devant lui quelqu’un qui reconnaît son péché et qui sait qu’il ne mérite pas que l’on écoute sa prière.

    Nous avons donc, d’une part, une personne qui s’élève toute seule : elle n’a pas besoin que ce soit le Seigneur qui la mette en avant, elle y va toute seule. Et d’autre part, nous avons une personne qui s’abaisse toute seule : elle n’a pas besoin que le Seigneur lui dise d’aller derrière les autres, elle y va toute seule. A la surprise générale donc, Jésus révèle à son auditoire ce que Dieu pense des deux et c’est la prière du publicain qui a été entendue, malgré le retard maximum qu’il avait accumulé sur le pharisien.

    « Qui s’élèvera sera abaissé et qui s’abaissera sera élevé ! » Il y a là une vraie invitation à faire attention à nos jugements trop rapides, trop portés sur les apparences. Il est certain que nous nous faisons une certaine idée de notre distance par rapport au Seigneur, que certains de nos actes nous éloignent ou rapprochent de Dieu. Mais de là à condamner définitivement notre prochain, il y a un pas qu’il vaudrait mieux ne pas franchir…

    Enfin, Jésus ne nous parle pas seulement de nous et de notre façon de juger, il nous dévoile aussi qu’il est venu dans le monde non pas pour juger le monde mais pour s’abaisser devant le monde, pour se retrouver plus bas que le dernier, afin de tout ramasser, et de tout ramener vers le Père. Lui ne méprise pas ses frères, il les aime jusqu’à mourir pour eux. Il attend, de notre part, les mêmes dispositions, les mêmes sentiments dans notre façon de vivre notre foi, chaque jour, sous le regard de Dieu.

    Amen.


     

  • 31ème Dimanche du T.O.

    31ème Dimanche du Temps Ordinaire C.

     Sg 11,23 – 12,2 / Ps 144 / 2Th 1, 11-2,2 / Lc 19, 1-10


     

     

    Les lectures de ce dimanche nous invitent à contempler la longue patience de Dieu ; Dieu sait attendre nos pas parfois hésitants vers la conversion ; et Dieu témoigne de sa miséricorde envers tous et même envers ceux qui sont infidèles à leur vocation.

    La Sagesse nous fait entrer dans la démarche du « Maître qui épargne tous les êtres, du Maître dont le souffle impérissable anime tous les êtres. »

    « Ceux qui tombent, nous dit la Sagesse, tu les repends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils ont péché, pour qu’ils se détournent du mal et qu’ils puissent croire en toi Seigneur. »

    Dieu ne connaît pas la haine et n’a de dégoût pour personne. Dieu est patient et veut offrir à chacun la chance de la conversion et de la foi.

    Alors, avec l’éclairage du projet de Dieu, nous pouvons porter un jugement sur notre propre jugement. Comment accueillons-nous les frères et sœurs qui proposent des actions inédites pour animer la paroisse ; ne restons-nous pas prisonniers d’un point de vue trop étroit ; un tel, une telle on ne sait pas d’où ils viennent ; il faut se méfier…

     D’autre part, et cela pour un bon équilibre, Paul nous dit même de ne pas perdre la tête et de ne pas se laisser effrayer devant des manifestations magnifiques ou des révélations sur les temps futurs. Dans la communauté de Thessalonique, il y avait un petit groupe d’illuminés qui annonçaient à qui voulait bien l’entendre l’imminence du Retour du Christ.

    Paul réagit vigoureusement contre ces gens-là dans sa deuxième lettre à la communauté. La vie chrétienne ne consiste pas en extase perpétuelle devant une soit-disante révélation ; et là je cite St Paul : « qu’il vous donne d’accomplir le bien que vous désirez et qu’il rende active votre foi. »

    Aussi sachons conseiller la modération et la paix à nos frères ou sœurs abusés par du merveilleux. Et rappelons-nous que notre vocation est de travailler jour après jour à l’instauration du Royaume dans l’espérance de la venue du Christ.

    La miséricorde de Dieu est magnifiquement traduite par Jésus qui rencontre Zachée. Pourquoi Zachée monte-t-il sur un arbre ? Bien sûr nous savons que Zachée est de petite taille, logique pour voir et juger de la situation de prendre de la hauteur. Mais au fond de lui-même, lui le publicain méprisé, même haï par ses compatriotes, peut-être veut-il en étant perché dans les branches du sycomore, peut-être espère-t-il être reconnu par ce rabbin, ce Maître dont tout le monde parle.

    Et voilà que Jésus, contre toute attente, a posé le regard sur lui. Un regard sans jugement, sans mépris. Zachée s’est senti aimé, et il a pu descendre de son arbre ; il accepte d’être simplement ce qu’il était un homme petit, et même plus petit que les autres. Tel est le premier signe d’une véritable rencontre avec Jésus : le personnage que l’on s’était construit pour se défendre du regard des autres commence à se dégonfler comme un ballon percé.

    Et Jésus continue la conversion de Zachée : « il faut que j’aille demeurer chez toi. » Zachée doit accueillir chez lui, dans sa maison, au plus intime de lui-même, le regard qui lui a rendu sa véritable dimension.

    Si nous sommes ce matin dans cette église, c’est parce que le Christ nous y a appelés, c’est parce que nous sommes tous des convertis à l’amour de Dieu. Mais sommes-nous allés plus loin comme Zachée ; accueillons-nous le regard de Jésus au plus intime de nous-mêmes ou bien le laissons-nous à la porte de notre maison ? Arrivé dans sa maison avec Jésus, Zachée a bien entendu les mépris des gens qui ont suivi : «  Il est allé loger chez un pécheur. » Zachée va-t-il se formaliser du regard méprisant des autres ? Non, il va tirer parti de l’attitude de ces donneurs de leçons pour descendre encore plus profondément en lui-même. Il sait les tricheries, les détournements de fonds, il sait ce qu’il fait, il sait qu’il doit réparer. C’est le second signe d’une rencontre authentique avec Jésus ; nous avons besoin de réparer ce que nous avons brisé.

    Désormais, pour Zachée, plus que son image, plus que sa réussite ou sa richesse, c’est le regard de Jésus qui compte. Ce regard est devenu sa véritable richesse, son véritable trésor. Plus besoin de grimper sur un tas d’or pour être grand. Sa valeur, sa richesse, sa force et sa gloire, c’est tout simplement le regard de Jésus posé sur lui.

    L’est-il pour nous aussi ?

    Amen.


     

  • 32ème Dimanche du T.O

    2M 7, 1-14. Ps 16. 2Th 2, 16-3, 5. Lc 20, 27-38


     

    En ce 32ème dimanche les textes que l’Eglise propose à notre méditation ont pour thème commun la foi en la résurrection.

    Quel est l’enjeu de l’affrontement entre le roi Antiochus et les sept frères arrêtés avec leur mère ? Apparemment il s’agit de manger ou de ne pas manger de la viande de porc. En réalité, on se trouve là devant les empereurs grecs qui gouvernent la Palestine à la suite des conquêtes d’Alexandre. Et comme le grand conquérant, ils veulent assimiler tous les peuples soumis à leur pouvoir, en leur imposant la civilisation, la culture et aussi les dieux grecs. En Israël des hommes opposent une farouche résistance à cette tentative d’assimilation. Ces résistants, on les nommera plus tard les pharisiens. Les sept frères croient en la résurrection des martyrs donc en la toute puissance du Dieu d’Israël ; c’est pour cela qu’ils sont arrêtés par le roi Antiochus, préférant mourir plutôt que de renier leur foi.

    Et nous autres, notre espérance en la résurrection, nous fait-elle affronter avec joie le renoncement à nous-mêmes ? Notre espérance de vivre un jour définitivement avec Dieu et en Dieu, nous fait-elle affronter avec joie les sacrifices ou les persécutions que réclame notre fidélité au Christ ?

    Ecoutons ce que dit le pape François : « Ne vous laissez pas voler l’espérance. Qu’on ne nous vole pas l’espérance, parce que cette force est une grâce, un don de Dieu qui nous porte en avant, en regardant le ciel. »

    Ce sont presque les paroles de saint Paul que nous avons entendues dans la deuxième lecture : « Dieu notre Père, lui qui nous a aimés et qui dans sa grâce, nous a donné pour toujours réconfort et joyeuse espérance ». Paul invite les Thessaloniciens à prier pour « échapper à la méchanceté des gens qui nous veulent du mal ».

    Et nous autres, cherchons-nous la force et le réconfort dans la prière, à la fois pour mener à bien l’annonce de l’Evangile et pour échapper au découragement devant l’hostilité ou l’incompréhension ?

    La résurrection change tout. Et c’est bien pour minimiser cette espérance que les Sadducéens inventent cette histoire de la femme aux sept maris. La réussite dans ce monde et les richesses de ce monde sont leur unique préoccupation. Ils voudraient bien que cela continue après la mort. Leur conception de la résurrection est très matérielle ; ils manquent de foi en la puissance de Dieu. La vie nouvelle pour eux, c’est la continuation pure et simple des activités terrestres avec un corps à l’image du corps sensible et mortel que nous habitons maintenant.

    Jésus coupe court à cette imagination. Il nous parle d’êtres semblables aux anges. Mais là aussi, il ne faut pas interpréter matériellement ou angéliquement. Au paradis, soyons-en sûrs, il n’y aura pas d’ailes qui vont nous pousser dans le dos. Au ciel nous serons « fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection » nous dit Jésus. C’est l’occasion aujourd’hui, à la lumière de la Parole, de vérifier que nous n’en restons pas à des conceptions très matérielles de la résurrection et de vérifier que nous acceptons de nous en remettre à Dieu, dans la foi, pour répondre à la question du « comment » ; comment cela va se passer quand je vais mourir ? C’est le Bon Dieu qui le sait, faisons lui confiance, comme le deuxième frère martyr qui « au moment de rendre le dernier soupir » a déclaré « le Roi du monde nous ressuscitera »

    Enfin, à travers cette question de la résurrection, nous pouvons aussi nous interroger sur notre conception de Dieu ; Dieu est-il celui dont l’amour nous fait vivre aujourd’hui ; je cite encore le pape François : « Le chrétien est un homme spirituel, et cela ne signifie pas qu’il vit dans les nuages. Le chrétien est une personne qui pense et agit dans la vie quotidienne selon Dieu »

    Dieu est-il celui dont l’amour nous fait vivre aujourd’hui ?

    Dieu est-il celui dont nous attendons qu’il nous fasse vivre toujours ?

     

    AMEN


  • 33ème Dimanche du TO

     

    Luc 23, 35-43

     

     Aujourd’hui l’évangile nous donne une image insolite de la royauté. Dans notre imagination, dans le souvenir de nos cours d’histoire à l’école, nous avons une image idéalisée de la royauté. Or l’image que nous donne l’évangile aujourd’hui est  tellement dérisoire. Jésus est Roi, cela ne fait aucun doute, mais d’une manière tellement différente de l’image idéalisée du roi, du chef, du père qui a tous les dons, tous les pouvoirs, et que nous regardons avec un sentiment double d’admiration et de crainte.

    Jésus se proclame Roi, tout en refusant de se conformer au modèle universel. La couronne d’épines, l’élévation sur la croix, les moqueries des soldats et des chefs du peuple sont l’inverse, la caricature des honneurs qui sont accordés aux rois de ce monde.

    Luc, en décrivant un décor totalement contraire à une cour royale veut nous faire saisir la radicale nouveauté de ce nouveau Roi, de cet autre Royaume, que Jésus est venu proclamer. Où se trouve la clef, la compréhension de ce nouveau Royaume ? Certainement dans le dernier verset de l’évangile d’aujourd’hui.

    Alors que le bon larron, peut-être pas aussi bon que cela car il reconnaît sa mauvaise conduite : « après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons », alors que le bon larron vient de prier Jésus de se souvenir de lui, quand il viendrait comme Roi, Jésus lui répond en effet : « Vraiment, je te déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».

    Il ya dans cette réponse de Jésus deux mots, deux mots qui viennent changer totalement la vision que nous pourrions avoir de sa Royauté de Jésus. Ces deux mots sont « avec moi ». La Royauté de Jésus n’a rien à voir avec la distance respectueuse que les puissants de ce monde affectent avec certaine condescendance vis-à-vis du peuple qui les acclame.

    La Royauté de Jésus n’est pas cette majesté dédaigneuse de ceux qui se penchent sur la misère des autres sans jamais les avoir effleurées du bout des doigts. La Royauté de Jésus, bien au contraire, c’est ce compagnonnage, ce compagnonnage d’humanité, parce que cette humanité, il l’a partagée, avec ses forces et ses faiblesses, notre humanité il l’a assumée jusqu’au bout. Nous allons entrer dans le temps de l’Avent, nous allons attendre la venue de l’Emmanuel, « Dieu avec nous ». Oui Dieu est là, bien là avec nous. Dieu est là, tout proche, si proche même que nous avons du mal à le reconnaître, à croire en lui.

    Quel est donc, en effet, cet étrange Royaume où le Bon Berger part à la recherche de la Brebis perdue pour la ramener sur ses épaules ? Quel est donc cet étrange Royaume où c’est Dieu lui-même qui se met à servir les convives, à leur laver les pieds ?

    Si le Christ est bien Roi, c’est à la manière unique et singulière de Dieu ; car sa royauté ne consiste pas à prendre mais à donner la vie, à donner sa vie, en nourriture, afin que nous ayons la vie, que nous l’ayons en plénitude. Je me permets pour terminer de citer notre pape François qui disait lors de la messe des Rameaux : « le bois de la Croix est le trône de Jésus ». Et lors de la messe d’inauguration du pontificat, le 19 mars ; « N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le pape lui aussi, pour exercer le pouvoir, doit entrer toujours plus dans ce service qui a son sommet lumineux sur la Croix ».

    Enfin, en nous invitant à méditer le mystère de l’eucharistie, le pape Jean-Paul II a désiré que nous puissions, dans ce mystère du don total du Christ, que nous puissions redécouvrir le sens de cette autre Royauté, le goût de cet autre Royaume qui n’est pas de ce monde et où nous sommes tous invités à la suite du bon larron.

     

    Amen


     

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  • 5ème Dimanche T.O.

    5e Dimanche – Temps Ordinaire - Année A


     

    Isaïe 58, 7-10 ; 1 Co 2, 1-5 ; Mt 5, 13-16.

     

    Encore aujourd’hui, Jésus emploie des mots simples, utilise nos activités quotidiennes pour nous parler de choses profondes.

    Aujourd’hui il s’agit du sel que l’on ajoute en quantité raisonnable dans la soupe pour la rendre savoureuse et de l’indispensable mori pata pour voir clair dans la nuit. Voyons maintenant la profondeur du message.

    En demandant à ses disciples d’être « lumière du monde » et « sel de la terre », Jésus montre d’abord la confiance qu’il a envers eux. Et cette confiance va jusqu’à leur donner une véritable mission : ce qu’ils ont reçu, ils doivent le redonner aux autres. Les vérités qu’ils ont découvertes dans sa Parole, la connaissance de Dieu Père et de l’Esprit-Saint qui leur a été révélée, ils ne doivent pas les garder pour eux-mêmes, il leur est demandé de les répandre généreusement autour d’eux.

    « Que votre lumière brille devant les hommes » a conclu Jésus. Cette parole est pour nous aujourd’hui, pour chacun et chacune d’entre nous, pour notre communauté paroissiale et pour l’Eglise universelle. Il faut bien comprendre : le rayonnement chrétien de chacune de nos vies concourt au rayonnement de la communauté chrétienne à laquelle nous appartenons, ainsi qu’au rayonnement de l’Eglise entière.

    Mais parfois, c’est le contraire qui se passe. Si nous sommes honnêtes, il nous faut bien reconnaître que souvent l’enthousiasme, la passion et l’audace de la Bonne Nouvelle ont laissé place à l’apathie ( au « fiu »), au désenchantement et à la routine. Quand ce n’est pas un affrontement entre nous par paroles ou par gestes.

    Il n’est pas étonnant qu’en nous voyant vivre, si peu d’hommes soient poussés à rendre gloire à Dieu ! Nos contre-témoignages nuisent à la crédibilité du message que l’Eglise cherche à transmettre. Nos vies médiocre et sans saveur font écran au visage du Christ qui devrait être perçu à travers notre propre visage.

    Aussi il nous faut, pratiquement chaque jour, demander à l’Esprit Saint de nous aider à être « lumière du monde » et à le demeurer, à être chaque jour un « sel » qui ne perd pas sa saveur.

    L’Esprit nous répond dans les lectures de ce jour, comme chaque fois que nous nous approchons de la parole de Dieu.

    Revenons à ce que dit Saint Paul. L’apôtre prend soin de noter qu’il ne s’est pas présenté aux Corinthiens avec grand apparat et qu’il n’a pas cherché à utiliser le prestige du beau langage. Il a opté pour la simplicité, l’humilité et même la faiblesse. Les grandes et belles paroles ne lui auraient servi à rien. Nous avons à agir comme lui. N’est pas lumière du monde celui ou celle qui intervient en cherchant à épater son entourage. C’est la parole exprimée avec simplicité et modestie, c’est le travail exercé avec désintéressement et de saler la terre.

    La première lecture est, elle aussi, lumineuse quand elle invite à poser, jour après jour, des gestes simples, généreux et gratuits. « Partage ton avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement. » Ces gestes sont inspirés par un amour authentique. Ils ne trompent pas. Celui ou celle qui les pose, non pas de temps à autre, mais fréquemment au long des jours, des mois et des années, est assurément vu et béni de Dieu. Si tu fais cela, conclut le texte d’Isaïe, « ta lumière jaillira comme l’aurore ». Et il ajoute : « Si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres. »

    Voilà bien décrite la manière d’être « sel de la terre », « lumière du monde », et de le demeurer. Rien au-dessus de nos forces. Surtout une fois que nous avons accueilli en nous l’Esprit du Ressuscité qui nous est communiqué chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie.

    AMEN

  • Le signe de Jonas

    Evangile de Jésus Christ selon Saint Luc 11, 29-32

    Le signe de Jonas 

    La Reine de Saba a fait des centaines de kilomètres pour écouter la sagesse de Salomon. Nous, nous avons la Parole de Dieu à portée de main. Pourquoi mettons-nous tant de temps pour nous convertir ?

    Les habitants de Ninive ont entendu Jonas pendant une seule journée et ils se sont convertis. Nous, nous avons le Christ et nous peinons à nous débarrasser de nos égoïsmes.

    Quand allons-nous vraiment et totalement partager la sagesse de la reine de Saba ?

    Quand notre désir de conversion surpassera-t-il celui des habitants de Ninive ?

    Amen.


    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE_Saint Etienne_Lundi 13/10/2014

     

  • il faut que je continue !

    « Mais il faut que je continue ma route aujourd’hui, demain et le jour suivant… »

     

    Les pharisiens préviennent Jésus qu’Hérode veut le faire mourir. Pour les pharisiens, Hérode est un fantoche, un roi de pacotille plus ou moins à la solde des romains. Ils préfèrent protéger Jésus.

    Jésus quittera effectivement la région, "il faut que je continue ma route". il quitte la région non parce qu’il a peur d’Hérode ; Hérode n’est qu’un « renard » c’est-à-dire un fourbe, et non un lion, animal bien plus dangereux.

    Jésus quitte la région parce qu’il n’a pas fini sa mission. Il est envoyé par le Père pour accomplir son œuvre de salut et de rassemblement de toute l’humanité, il sait qu’il doit aller à Jérusalem pour vivre sa Pâques.

    Jésus a parfaitement conscience de sa mission et son désir est grand de l’accomplir. Pour nous le dire, il emploie l’image très parlante d’une mère poule qui rassemble ses poussins sous ses ailes.

    Jérusalem, ville de l’Alliance, ville choisie par Dieu, a, elle, repoussé, refusé la tendresse de Dieu. Et nous qui sommes la nouvelle Jérusalem, entendrons nous ce cri d’amour du Christ ? il ne tient qu’à nous de nous tourner vers celui qui vient.

    Amen.


     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - Chapelle Sainte Maria GORETTI - Jeudi 30 octobre 2014 

  • Épiphanie du Seigneur

    Epiphanie. Is 60,1-6 ; Ep3,2-6 ; Mt 2,1-12.    

    Dimanche 04 janvier 2015

     

    Les savants, historiens et scientifiques ont passé beaucoup de temps pour comprendre ce qui s’est réellement passé le jour de l’Epiphanie ; quelle est cette nouvelle étoile, qui sont ces mystérieux personnages venus adorer le fils de Marie ?

    Mais ces savants n’ont guère trouvé de réponse satisfaisante. La nouvelle étoile : on n’a pas pu vérifier son existence, ni lui donner un nom.

    Les hommes qui ont suivi l’étoile étaient-ils des rois comme la tradition le rapporte ? Pas certain du tout car Matthieu lui ne parle que de mages, « les mages venus d’Orient. Leurs trois noms, Balthasar, Melchior et Gaspar, ce n’est que plus de 1000 ans après la naissance de Jésus qu’ils ont été attribués.

    Ainsi si l’on regarde le récit de l’Epiphanie avec le microscope du scientifique, on apprend pas grand-chose. L’essentiel est dans les messages que Matthieu veut nous transmettre à travers une histoire où beaucoup d’éléments ont une valeur symbolique, un sens caché.

    Essayons de comprendre ce que Matthieu voulait dire aux chrétiens de son temps et à nous aussi en 2015, essayons de comprendre ce que Matthieu nous dit en parlant de mages, d’étoile, de cadeaux exotiques et de retour des pèlerins par un autre chemin différent de celui par lequel ils étaient venus.

    Que signifie la venue des mages ?

    Les mages viennent d’un pays étranger. D’Orient. C’est le signe que Jésus n’est pas né seulement pour les hommes et les femmes de sa race, que seulement pour les juifs. Jésus est né pour l’humanité toute entière. Dieu ne s’est pas incarné pour éclairer et sauver quelques personnes seulement, mais toute personne qui habite sur la terre.

    Les mages représentent toutes les nations et leur présence auprès du nouveau-né divin nous rappelle l’importance de travailler pour que l’humanité entière reconnaisse un jour son Sauveur. Nous sommes invités à être missionnaires, nous ne pouvons pas être indifférents à l’incroyance qui existe toujours deux mille ans après la naissance de Jésus.

    L’étoile.

    Sans l’étoile, jamais les mages ne seraient arrivés à la crèche. Pour eux, elle a été un signe et un don de Dieu, elle a été la lumière qui les a guidés. Cette lumière a aussi été donnée à Jérusalem ; ainsi que l’a proclamé Isaïe dans la 1ère lecture. Mais attention, cette lumière et cette gloire ce n’est pas la richesse matérielle, ce n’est pas la gloire personnelle de Jérusalem.

    Le rayonnement de Jérusalem parmi les nations c’est la présence lumineuse du Seigneur. C’est aussi la présence du Seigneur qui illumine l’Eglise, « LUMEN GENTIUM » Lumière des peuples, comme l’a nommée le Concile Vatican II. L’Eglise est destinée à être lumière dans le monde.

     

    Mais en parlant de l’Eglise ne pensons pas seulement à des gens qui sont loin de nous. Pensons à notre propre communauté paroissiale, à notre propre famille, et à nous même personnellement, individuellement. Est-ce que nous sommes lumière, étoile pour ceux qui nous entourent, pour ceux qui nous sont proches.

     

    L’or, l’encens et la myrrhe.

     

    Voilà les beaux cadeaux qu’apportent les mages à l’enfant-Dieu. L’or pour montrer que Jésus est le roi du ciel et de la terre.

     

    L’encens pour faire voir qu’il mérite tous les hommages. La myrrhe pour souligner qu’il donnerait un jour sa vie jusque dans la mort.

     

    C’est de la myrrhe, avec de l’aloès, que Nicodème apporte au tombeau quand il vient déposer le corps de Jésus. Que nous faut-il retenir de tout cela. Tout simplement que le Christ mérite qu’on le vénère et qu’on lui offre ce que l’on possède de mieux ; son cœur, sa foi, sa sincérité, sa fidélité.

     

    L’autre chemin.

     

    Et puis, pour terminer cette histoire, venons-en à ce qui peut paraître comme un détail mais qui à bien y regarder a plus d’importance qu’il ne paraît. Après avoir été avertis par un ange de ne pas retourner chez Hérode, les mages regagnèrent leur pays par un autre chemin.

     

    Qu’est-ce que cet « autre chemin ». Cet autre chemin ce sont les autres façons de penser, ces autres façons de vivre qui s’imposeront à nous quand on a rencontré le Christ. Cet autre chemin c’est celui de notre conversion quotidienne à l’amour de Dieu et du prochain.

     

    L’Epiphanie c’est la fête de l’étoile. Une étoile qui nous guide sur le chemin de la conversion du cœur et de la vie. Que Dieu nous donne chaque jour le courage de suivre son chemin, son étoile.

     

    AMEN.

     

    Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - Dimanche 04 jainvier 2015 - EPIPHANIE DU SEIGNEUR


     

  • Le Baptême du Seigneur !

    Evangile de Saint Marc 1, 7-11

     Marc raconte le baptême du Seigneur. non pas tant pour relater un évènement historique ou pour raconter une belle histoire, mais surtout pour nous dire trois choses importantes sur Jésus.

    Tout d'abord que Jésus de Nazareth n'est pas un citoyen juif comme les autres. les juifs qui viennent demander le baptême de Jean-Baptiste sont purifiés. A son baptême, Jésus est déclaré Fils de Dieu: Une voix venue du ciel se fit entendre: Tu es mon Fils bien-aimé, il m'a plu de te choisir". Le baptême dans le Jourdain est donc ce lieu et ce moment où la véritable identité de jésus est révélée.

    Ensuite, comme les autres évangélistes, Marc veut aussi signaler que le baptême marque l'entrée de Jésus dans sa vie publique: "Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, il proclamait l'Evangile de Dieu" verset 14. Au sortir du Jourdain commence pour Jésus une vie nouvelle. Désormais , il parcourra le pays pour prêcher au nom de Dieu.

    Enfin, il faut remarquer qu'au moment de son baptême, Jésus est envahi par l'Esprit Saint: "l'Esprit comme une colombe descendit sur lui". Certes, il possédait déjà l'Esprit mais il lui est ici redonné en vue de la nouvelle étape de sa vie qu'il entreprend. C'est dans la force de l'Esprit qu'il accomplira les signes, les miracles, qui annoncent la venue du Royaume de Dieu sur terre.

    Ce que l'on vient de dire du baptême de Jésus, on peut l'affirmer de notre propre baptême. car le jour où le prêtre, ou le diacre, a versé sur nous l'eau du baptême au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, nous avons été reconnus officiellement enfants de Dieu. Après l'inscription de notre nom sur le registre d'état-civil, a eu lieu notre inscription sur le registre d'état-divin.

    Comme le Christ nous pouvons nous nommer fils et filles de Dieu. Ce nom n'est pas un titre honorifique, un jeu de mot: ce nom est une réalité. Aujourd'hui, nous pouvons nous poser la question de savoir si nous sommes toujours suffisamment conscients de cette richesse que représente d'être membre de la famille de Dieu, d'être les bien-aimés du Père et de pouvoir appeler Dieu "notre Père "comme le Christ lui-même l'a fait.

     

    Certes, me direz-vous, mon baptême m'a fait fils ou fille de Dieu. Mais ce n'est pas pour autant que je suis parti de suite prêcher l'Evangile comme Jésus l'a fait. Quelques jours ou quelques mois après la naissance ce n'est pas évident de partir en mission. Oui, mais il reste que la condition de baptisé implique une mission; celle de témoigner du Christ et de son message, quand on est en mesure de le faire. Si nos parents, parrain et marraine nous ont conduits par l'initiation chrétienne qui continue avec les sacrements de l'Eucharistie et de la Confirmation, s'ils nous ont conduits à devenir des chrétiens adultes; alors je suis appelé par mon baptême à refléter autour de moi de la grâce que j'ai reçue. Aujourd'hui il convient donc, il est bon, de nous demander dans quelle mesure, tout au long de notre vie nous manifestons la foi, l'amour et l'espérance qui nous habitent. Cela doit bien sûr commencer à la maison et auprès de tous ceux que nous rencontrons.

    Disons un mot de l'Esprit Saint. L'Esprit Saint est communiqué à tous les baptisés. C'est lui qui nous fait grandir dans la foi, c'est lui qui nous soutient dans l'exercice de notre mission. Toute la force de l'Esprit qui s'est autrefois manifestée en Jésus, se déploie maintenant en nous les croyants. Jésus nous a dit que nous pouvions accomplir des œuvres plus grandes que les siennes: "En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais; il en fera même de plus grandes..." Jn 14, 12. Des œuvres qui prolongent celles du Christ, des œuvres qui font croître le Royaume de Dieu. Alors il est le moment de se poser quelques questions: qu'en est-il de l'action de l'Esprit en nous depuis le jour de notre baptême? Avons-nous suffisamment laissé l'Esprit travailler en nous? Avons-nous collaboré à son action afin de devenir des chrétiens adultes, responsables et rayonnants? Les économistes font des statistiques et des courbes: courbe de l'évolution du prix du baril de pétrole, cours du taux du dollar, courbe du chômage... ça monte, ça descend... La courbe de notre développement chrétien va-t-elle toujours vers le haut ou bien présente-t-elle une chute inquiétante, révélatrice d'une dégénérescence spirituelle? Ce sont de bonnes questions pour ce jour où nous célébrons le baptême du Christ et notre propre baptême.

    Lors de l'un de ses voyages en France métropolitaine, le pape saint Jean Paul II a lancé cette interrogation au pays: "France, qu'as-tu fait de ton baptême?" C'est percutant et dérangeant.

     

    Et si on se laissait percuter et déranger: diocèse de Papeete qu'as-tu fait de ton baptême? communauté paroissiale de st Etienne qu'as-tu fait de ton baptême?

    Et toi Père Jean-Pierre, et toi Père Landry, et nous tous ce matin rassemblés, qu'avons- nous fait... que sommes-nous en train de faire de notre baptême?

     

    AMEN.


     

  • 5ème Dim. T.O. 2016

    5° dim TO année C, Is 6, 1-8 ; 1Co 15, 1-11, Lc 5, 1-11.

     

    Jp 13Les séraphins s’écrient: « Saint!, Saint!, Saint le Seigneur Dieu de l’univers », Is 6, 3 dans notre 1ère lecture.

    Quand la bible dit que Dieu est saint elle entend par là qu’il est le Tout Autre. Il n’est pas limité comme nous, comme nous nous sommes limités par nos imperfections et nos péchés.

    Mais sa sainteté est encore plus étonnante, plus stupéfiante alors qu’il nous appelle à sa vie, il se montré jamais plus saint à nos yeux que quand il nous pardonne et nous aime.

    Alors faisons attention à ne pas perdre le sens de Dieu. Ne réduisons pas Dieu à notre mesure ; le prier quand nous avons besoin de lui, nous servir de lui pour justifier nos positions.

    Dans l’épître aux Corinthiens, Paul se déclare Apôtre.

    On peut se poser la question de savoir pourquoi Paul est-il devenu apôtre du Christ, le grand persécuteur de l’Eglise.

    Etait-il un grand orateur, un missionnaire intrépide, un libérateur des pauvres et des affamés ? Tout cela peut faire l’apôtre d’une cause humaine, un humanitaire comme on dit aujourd’hui, pas l’apôtre de Jésus-Christ.

    Mais parce que Paul a rencontré dans sa vie le Ressuscité, parce qu’il l’a vu vivant au milieu des siens, parce que le Christ l’a appelé à la suivre, il est devenu ce qu’il est.

    « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ».

    Et pour nous, le Christ est-il vraiment vivant pour nous. Savons-nous le « voir » dans l’âme de nos enfants, dans cette vielle mamie qui prie à l’église, dans ce tavini qui va visiter les familles, dans ce SDF qui demande de l’aide. Ces apparitions du Ressuscité nous rendent-elles apôtres ?


     

    Evangile de saint Luc 5, 1-11.

    « Duc in altum » en latin, Avance au large ! en français. Voilà une belle mission pour Pierre et ses compagnons.

    Mais cette injonction de Jésus ; « Avance au large » est aussi et aujourd’hui une belle devise pour chacun d’entre nous. Nous sommes en effet invités sur la parole du Seigneur à quitter le rivage, à quitter nos rivages sécurisants.

    Il y a une maladie chez les chrétiens, que l’on appelle l’agoraphobie spirituelle. Cette maladie c’est cette peur des espaces qui s’ouvrent devant nous quand le Seigneur dit : « Quitte et va ! », « Quitte tes mauvaises habitudes, quitte ton confort et va vers tes frères annoncer la Bonne Nouvelle ».

    Dans l’épisode de la pêche miraculeuse Pierre, dans un premier mouvement, dit à Jésus : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais sur ta parole je vais jeter les filets. ».

    Ce qui signifie : « parce que tu me le demandes, je vais faire quelque chose de déraisonnable ».

    Sur la parole de Jésus, nous sommes embarqués à faire des choses déraisonnables, des choses déraisonnables aux yeux du monde ; aller fidèlement à la messe, pardonner à ceux qui nous font du mal, aider les pauvres…

    Aujourd’hui encore, il faut que, comme Pierre, nous renouvelions notre confiance au Seigneur : « Mais sur ta parole… ».

    Amen.


     

  • 3ème Dim. de Pâques 2016

    « Jésus s’approche, il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson »

    Aux heures d’incertitude et de désarroi, dans la vie personnelle, familiale ou communautaire, il est souvent sage et sain de continuer à marcher sur la route toute simple du quotidien et à partir des éléments habituels de notre fidélité.

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    C’est bien ainsi que Pierre a réagi en Galilée. Il sentait un certain flottement dans l’esprit des disciples. Tous étaient encore sous le choc des évènements, et leur foi dans le Ressuscité demeurait encore bien timide. De plus Pierre percevait bien que l’inaction pouvait désagréger les personnes. Et nous le voyons prendre une décision inattendue, qui révèle à la fois son tempérament de chef et sa santé spirituelle : « Je vais à la pêche ! ». Les autres n’attendaient que cela : « Nous allons aussi avec toi ! »

    Il fallait prendre cette initiative. En attendant des directives précises de Jésus, en attendant sa présence plus sensible, Pierre propose de retrouver dans un travail d’équipe les automatismes d’autrefois. C’est vigoureux. C’est dynamisant … Et pourtant ils vont peiner toute une nuit sans rien prendre. Mais Jésus les rejoint tous ensemble au moment de l’effort infructueux, et il se fait reconnaître par des signes qu’il donne au niveau de l’action entreprise : - d’abord l’abondance de la pêche, la surabondance annoncée par les prophètes pour les jours du Messie et que les disciples ont connue déjà à Cana et lors de la multiplication des pains, - et surtout la disproportion de ce que Jésus donne en quelques instants avec les échecs répétés tout au long de la nuit. Quand Jésus exauce, c’est toujours royal.

    Tous voient la pêche, tous mesurent la réussite, mais un seul devine, un seul a immédiatement l’éclair de la foi, celui qui depuis toujours s’efforçait d’entrer dans le style de Jésus, celui qui était suffisamment pauvre de lui-même pour percevoir les signes de Jésus au ras des événements, au creux du quotidien ; « C’est le Seigneur ! ». Immédiatement on entend un plongeon, puis l’on voit des gerbes d’eau qui foncent vers le rivage. Le disciple que Jésus aimait a été le premier à voir et à dire ; mais Pierre a été le seul à se jeter à l’eau, comme pour s’y laver de ses reniements avant de rencontrer le regard de Jésus. Il avait péché plus lourdement : il serait le premier à revenir ; et il allait faire ce jour-là, au petit matin, l’expérience merveilleuse du pardon de Jésus.

    Dans le court dialogue qu’ils auront après le repas, Jésus ne lui fait aucun reproche. Le passé n’est même pas évoqué … cette fameuse nuit où par trois fois Pierre avait déclaré : « Je ne connais pas cet homme ! » Le mot pardon n’est même pas prononcé, et c’est en redisant trois fois son amour pour le Christ que Pierre se découvre pardonné, transfiguré, recréé par un amour plus puissant que toutes les morts spirituelles.

    Il ne pourra pas effacer sa chute, oublier son heure de faiblesse ni la faiblesse qui l’habite à toute heure ; mais désormais sa trahison ne reviendra plus à sa mémoire que sertie dans le pardon, reprise et lavée dans la miséricorde de Jésus. « Simon, Simon, j’ai prié pour toi, disait Jésus quelque heures avant de mourir, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu (converti), affermis tes frères » (Lc 22,31s). C’est un homme tombé qui va devenir la pierre de fondation de l’Église. C’est un homme capable de lâcheté que le Ressuscité va établir pasteur de son propre troupeau. Pierre sera berger pour le compte du « chef des bergers », au service du Berger modèle, et il ira, lui aussi, jusqu’à donner sa vie pour le troupeau de Jésus. C’est ainsi, à l’imitation du Seigneur, que dans sa mort il va « glorifier Dieu » (v.19).

     

    Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.


     

  • La porte du salut

    La porte du salut, étroite mais toujours grande ouverte

     

    Rv18397 lanciogrande 1Chers frères et sœurs, bonjour !

    L’Evangile du jour nous exhorte à méditer sur le thème du salut. L’évangéliste Luc raconte que Jésus est en voyage vers Jérusalem et durant le parcours il est approché par quelqu’un qui lui demande : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » (Lc 13,23). Jésus ne donne pas une réponse directe, mais déplace le débat sur un autre niveau, avec un langage suggestif, qu’au début les disciples ne comprennent peut-être pas : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. » (v.24). Avec l’image de la porte, Il veut faire comprendre à ses auditeurs qu’il n’est pas question de chiffre – combien seront sauvés –, il n’importe pas de savoir combien, mais il est important que tous sachent quel est le chemin qui conduit au salut : la porte.

    Ce parcours, ce chemin, prévoit que l’on franchisse une porte. Mais où est la porte, comment est la porte, qui est la porte ? Jésus lui-même est la porte. C’est lui-même qui le dit, dans l’Evangile de Jean : « Je suis la porte »  (cf. Jn 10,9) ; Il nous conduit dans la communion avec le Père, où nous trouvons amour, compréhension et protection. « Mais pourquoi cette porte est-elle étroite ? », peut-on se demander. Pourquoi dit-il qu’elle est étroite ? C’est une porte étroite non pas parce qu’elle est oppressive, non, mais parce qu’elle nous demande de restreindre et contenir notre orgueil et notre peur, pour nous ouvrir à Lui avec un cœur humble et confiant, en nous reconnaissant pécheurs, ayant besoin de son pardon. C’est pour cela qu’elle est étroite, pour contenir notre orgueil qui nous fait enfler. La porte de la miséricorde de Dieu est étroite mais toujours grande ouverte, et grande ouverte pour tous ! Dieu ne fait pas de préférences, mais il accueille toujours tout le monde, sans distinctions. Une porte étroite pour limiter notre orgueil et notre peur, grande ouverte parce que Dieu nous accueille sans distinction. Et le salut qu’Il nous donne est un flux incessant de miséricorde qui abat toute barrière et ouvre des perspectives surprenantes de lumière et de paix. Une porte étroite mais toujours grande ouverte, n’oubliez pas cela : porte étroite mais toujours grande ouverte.

    Jésus aujourd’hui nous adresse, encore une fois, une invitation pressante à aller à Lui, à franchir la porte de la vie pleine, réconciliée et heureuse. Il attend chacun de nous, quel que soit le péché que nous avons commis – quel qu’il soit – pour nous embrasser, pour nous offrir son pardon. Lui seul peut transformer notre cœur, Lui seul peut donner pleinement sens à notre existence, en nous donnant la vraie joie. En entrant par la porte de Jésus, la porte de la foi et de l’Evangile, nous pourrons sortir des attitudes mondaines, des mauvaises habitudes, des égoïsmes et des fermetures. Quand il y a un contact avec l’amour et la miséricorde de Dieu, il y a un changement authentique. Et notre vie est éclairée par la lumière de l’Esprit-Saint : une lumière inextinguible !

    Je voudrais vous faire une proposition. Pensons en silence, maintenant, quelques instants, aux choses que nous avons en nous et qui empêchent de franchir la porte. Mon orgueil, ma suffisance, mes péchés. Et puis pensons à l’autre porte, celle grande ouverte de la miséricorde de Dieu qui nous attend de l’autre côté pour nous donner le pardon. Pensons à ces deux choses en silence un instant.

    Le Seigneur nous offre tant d’occasions pour nous sauver et entrer à travers la porte du salut. Cette porte est l’occasion qui ne doit pas être gâchée : nous ne devons pas faire de discours académiques sur le salut, comme celui qui s’est adressé à Jésus, mais nous devons saisir les occasions de salut. Parce qu’à un certain moment « le maître de maison se sera levé pour fermer la porte » (v.25), comme nous l’a rappelé l’Evangile. Mais si Dieu est bon et nous aime, pourquoi ferme-t-il la porte, pourquoi fermera-t-il la porte à un moment ? Parce que la vie n’est pas un jeu vidéo ni un feuilleton télévisé ; notre vie est sérieuse et l’objectif à atteindre est important : le salut éternel.

    A la Vierge Marie, Porte du Ciel, demandons de nous aider à saisir les occasions que le Seigneur nous offre pour franchir la porte de la foi et entrer ainsi sur une voie large : c’est la route du salut capable d’accueillir tous ceux qui se laissent impliquer par l’amour. C’est l’amour qui sauve, l’amour qui déjà sur la terre est source de béatitude pour tous ceux qui, dans la douceur, dans la patience et dans la justice, s’oublient eux-mêmes et se donnent aux autres, spécialement aux plus faibles.

    Pape François (21 août 2016)


     

  • 12ème Dim. TO Mt 10, 26-33

    12ème Dimanche du Temps Ordinaire – Mt. 10, 26-33

     

    Jp 15Matthieu a écrit son évangile aux alentours de l’an 80, une cinquantaine d’années après la mort du Christ. Son message était adressé à une communauté chrétienne dont la plupart des membres étaient issus du judaïsme ! Et ces premiers chrétiens étaient très conscients de l’importance de diffuser la foi autour d’eux. Ils portaient dans leur cœur cette consigne par laquelle se termine l’évangile de Matthieu : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et apprenez-leur à garder tous les commandements que Je vous ai donnés. »

     

    Mais annoncer l’évangile ouvertement à cette époque, cela n’était pas évident, ni simple. Plusieurs communautés chrétiennes étaient persécutées dont la communauté même à qui Matthieu s’adresse. En effet, beaucoup parmi les juifs considéraient les chrétiens comme des traîtres, des renégats, des hérétiques qu’il fallait éliminer.

     

    A cette époque, témoigner de sa foi chrétienne c’était parfois risquer sa vie. On comprend que certains se sont fait discrets, et n’aient pas élever la voix. Alors Matthieu réagit et rappelle à ses frères et sœurs dans la foi les paroles de Jésus : « Ne craignez pas… Soyez donc sans crainte ».

     

    Pour les convaincre de proclamer au grand jour leur foi, il utilise deux arguments. Le premier concerne leur peur de la mort. Il dit à ses frères et sœurs que leurs ennemis peuvent tuer leur corps mais non pas l’âme. Et il précise que la providence veille sur eux, comme sur les moineaux (vinis). Il faut donc à ses chrétiens, penser plutôt à sauver leur âme au lieu de risquer de la perdre en tentant de sauver son corps.

     

    Le deuxième argument est le suivant : il faut d’abord penser au jour où ils auront à répondre de leur comportement devant Dieu, leur Père. S’ils n’ont pas eu honte de dire leur foi en Jésus Christ, s’ils n’ont pas rougi du Christ, ils pourront alors compter sur son intercession ; c’est le Christ qui parlera en leur faveur à son Père.

     

    L’évangile de Matthieu est applicable aussi maintenant, pour nous les chrétiens de 2017. Cette parole nous interpelle sur notre comportement chrétien.

    Nous avons-nous aussi à proclamer notre foi. Ne pas la faire, c’est ne pas être chrétien. La foi ne nous a pas été donnée pour être mis en terre et conservée peureusement. La foi nous a été confiée pour que nous la répandions tout autour. Et si nous regardons notre situation, elle est nettement plus favorable que celle où se trouvait la communauté de Matthieu. Nous ne sommes pas persécutés parce que chrétiens, pas de danger non plus d’être mis à mort.

     

    Mais il se peut que nous soyons parfois des peureux : peur de passer pour des rétrogrades, des « has been », des marginaux, peur de faire rire de soi parce qu’aux yeux de certains, croire en Dieu et au christ, c’est très naïf, très peu moderne, pas du tout dans le vent.

    • Comme l’a fait celui qui n’avait reçu qu’une seule pièce d’argent
    • Il se peut que nous pensions qu’aller à la messe, cela suffit !

     

    Laissons-nous interroger, interpeller par l’évangile d’aujourd’hui. Demandons-nous quels efforts faisons-nous actuellement pour témoigner notre foi.

    Soyons précis. Demandons-nous si, depuis une semaine, un mois, il nous est arrivé de prendre ouvertement parti pour le Christ et Son Eglise. A la paroisse, à Tibériade ou à Cana, c’est facile. Mais au bureau, à l’atelier, à la maison…

     

    Voyons si nous ne pourrions pas témoigner davantage. Précisons en quel domaine, dans quelles circonstances, auprès de qui. Examinons tout cela en ruminant la parole de Jésus que nous venons d’entendre : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi Je le renierai devant mon Père qui est aux cieux ».

     

    Nous aurions tort de prendre cette parole à la légère !

     

    AMEN !

     

  • "Si tu le veux, tu peux me purifier"

    6ème dimanche du Temps Ordinaire

    Lv 13, 1-2 ; 45-46 / Co 10, 31 ; 11 1 / Mc 1, 40-45

    Dimanche 11 février 2018 - Père JP POTELLE


     

    Jp 16Dans l’Ecriture, la Bible, toutes les maladies, infirmités ont un sens spirituel. La cécité, être aveugle, est considéré comme un aveuglement devant la vérité ; « tu es aveugle parce que tu n’as pas voulu croire en Dieu » ; Tu es sourd parce que tu n’as pas voulu écouter la Parole de Dieu etc...

    Mais dans ces maladies ou infirmités, la lèpre tient une place à part. Parce qu’elle est contagieuse, elle exige l’isolement. Parce qu’elle comporte des tumeurs et autres plaies purulentes, elle est perçue comme impureté et elle prend une signification religieuse, toujours dans la Bible.

    Cette maladie ne concerne pas le médecin mais le prêtre ; celui qui en réchappe n’est pas dit « guéri » mais « purifié ». La première lecture tirée du Lévitique résume tout cela.

    La lèpre est un des symboles de la déchéance humaine, de l’homme « jeté dehors ». Hors du peuple de Dieu et même de l’humanité parce que pécheur, c’est-à-dire nuisible. Un exclu.

    Le lépreux représente donc le mal qui affecte l’homme. Pensons à Adam chassé du paradis, et à la longue marche du peuple choisi par Dieu pour retrouver la terre primitivement donnée à l’homme, la terre promise (Genèse 1et Exode).

    Déchéance et rédemption, péché et salut, voilà le thème central qui parcourt tout le récit biblique.

    Nous pouvons en conclure que cette marche de l’humanité entière est aussi celle de notre aventure personnelle. Tout ce qui est dans l’Ecriture nous concerne. C’est une illusion de penser que nous n’avons pas besoin d’être réhabilités, « pardonnés » comme le dit le langage religieux. Ou en d’autres termes nous avons besoin d’être recréés, réintégrés. Dans une grande mesure la guérison du lépreux nous raconte et nous dévoile notre histoire personnelle. Il y a toujours en nous quelque chose qui demande à être « purifié ».

    Mais cela ne doit pas nous déprimer, nous désespérer d’arriver un jour à la sainteté : en effet, l’Evangile nous annonce que le Christ veut nous libérer de tout ce qui nous détruit et nous exclut.

    Il ne nous est pas demandé d’opérer nous-mêmes cette guérison, cette purification, il suffit de la désirer vraiment, comme l’a fait le lépreux à genoux devant le Christ ; il suffit de désirer vraiment cette guérison et de l’accueillir. Voilà une Bonne Nouvelle.

    Voilà donc le lépreux aux genoux de Jésus. Et là, la loi est bafouée ; cette loi qui interdit aux gens malades d’approcher les gens en bonne santé

    Deuxième manquement à la loi ; Jésus touche le lépreux. Le voici à son tour « devenu impur ». La pitié de Dieu, sa bonté, sa compassion, le conduit à venir épouser notre condition et contracter notre maladie.

    Remarquons que le récit se termine en signalant que Jésus doit se tenir désormais « loin des lieux habités » comme le lépreux qui lui doit habiter « à l’écart, hors du camp » comme nous avons pu le lire dans la première lecture.

    De même Jésus sera crucifié hors de la ville, « retranché de la terre des vivants ». Paul insistera sur cet abaissement du Christ jusqu’à son assimilation à l’homme pécheur. L’union de Dieu et de l’humanité n’aurait pas été totale si le Christ n’avait pas été jusque-là, jusqu’à prendre sur lui la condition du malfaiteur.

    Ne nous étonnons pas si nous voyons autour de nous des gens qui haussent les épaules quand ils entendent parler du Christ : un Dieu crucifié cela n’est pas acceptable, cela dépasse la compréhension humaine. Pourtant, « pour nous c’est juste » comme dit le malfaiteur crucifié à côté de Jésus. Et il n’est pas seulement crucifié avec nous, pour nous, mais à notre place.

    Et pourtant nous voici maintenant invités à le suivre jusque-là. Invités, car c’est librement que nous avons à le rejoindre. Tout ce que la vie nous donne à supporter, perte d'un être cher, trahison, chagrin, misère morale ou matérielle, mais surtout un gros défaut de caractère que nous n'arrivons pas à éradiquer, voire un vice connu de nous seuls (l'écharde dont nous parle St Paul), voilà ce que nous pouvons joindre à la « lèpre » du Christ. C’est là le seul chemin vers la Vie.

     

    D’après un commentaire du P. Marcel DOMERGUR, s.j.


     

  • Le Centurion

    Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 7, 1-10

    Lundi 17 septembre 2019


     

    Le centurion a reçu la foi de Jésus. Et avec ce don de la foi un très beau fruit spirituel : la délicatesse.

    La délicatesse envers l’un de ses esclaves qu’il aime beaucoup et qu’il veut retrouver en bonne santé. Le centurion déploie beaucoup d’énergie pour que son subordonné retrouve son bien-être. Alors qu’à l’époque les serviteurs étaient plutôt méprisés et négligés.

    Et puis délicatesse à l’égard de Jésus. Alors que Jésus vient vers la maison du centurion, celui-ci le fait arrêter en chemin. Car il sait que pour la loi juive entrer dans la maison d’un païen (un non juif), entrer dans la maison d’un païen, pour un juif c’est prendre le risque de se rendre impur. De plus ce centurion sait bien qu’il représente l’occupant, l’étranger qui occupe par la force la terre promise à Israël.

    Ce militaire de carrière a la délicatesse de mesurer ses gestes à la lumière des conséquences qu’ils peuvent avoir sur les autres. Si je fais cela, est-ce que je ne suis pas en train de faire du tort à mon prochain ?

    Le pape saint Jean 23 aimait redire : « la douceur est la plénitude de la force ». On pourrait, très familièrement, traduire par : « Tu es fort non pas quand tu cries ou tu frappes, mais quand tu laisses à l’autre son espace de liberté ».

    A l’exemple de ce centurion, laissons la foi en Jésus maîtriser notre puissance et la convertir en délicatesse !

    Amen


    Père JP Potelle