CD n°10 du 06-03-2024

COMMUNIQUE D'INFORMATION DU MERCREDI 6 MARS 2024

REGARD SUR L’ACTUALITE
FRANCE, FILLE AÎNEE DE L’EGLISE, EDUCATRICE DES PEUPLES,
ES-TU FIDELE, POUR LE BIEN DE L’HOMME, A L’ALLIANCE AVEC LA SAGESSE ETERNELLE ?


Lundi 4 mars, les Sénateurs et Députés réunis en Congrès à Versailles ont voté pour l’inscription de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » dans la Constitution française, par 780 voix pour et 72 voix contre.


Etonnant paradoxe entretenu par le chef de l’Etat français qui, le 14 février dernier, rendait un hommage national à Robert Badinter ardent défenseur de l’abolition de la peine de mort, et qui, 20 jours plus tard, souligne que l’inscription de l’IVG dans la Constitution est « une fierté française, un message universel » !


« Mon corps, mon choix » célèbre la Tour Eiffel : la liberté de la femme, celle d’avorter, « scellée dans le marbre ». Ce n’est pas ce qu’avait voulu, en 1975, Madame Simone Veil en défendant la loi sur l’IVG comme une « loi d’exception » pour « mettre fin à l’horreur des avortements clandestins ». Elle affirmait : « l’avortement restera toujours un drame ».
Or, que constatons-nous ? En France, en 2022, 234 300 avortements par voie médicamenteuse ou chirurgicale ont été enregistrés. C’est le plus haut niveau depuis trente ans. Les médecins et soignants ont tiré la sonnette d’alarme face au manque de moyens pour répondre dans les délais (moins de 12 semaines de grossesse) et des conditions de sécurité pour la mère. Ils ont également souligné l’inégalité entre les femmes à cause de la désertification médicale sur le territoire français.


Ceci alimente notre réflexion : peut-on parler de liberté de choix ? La femme, seule face à sa grossesse, ne subit-elle pas des pressions (pressions familiales, sociales, religieuses et parfois médicales). Or la loi -mal interprétée- pourrait nous empêcher d’aider cette femme désarmée face à ce douloureux choix.


L’Eglise condamne l’avortement puisque cet acte induit « la mort d’un enfant à naître », mais l’Eglise ne doit, en aucun cas, condamner la femme désireuse de recourir à l’IVG. De quels moyens humains, juridiques, médicaux et sociaux dispose l’Eglise pour aider ces femmes, souvent en détresse ? Comment nos pastorales paroissiales prennent-elles en compte cette aide espérée par les femmes et les couples ?


Hélas, en droit français : « L’enfant à naître n’est pas une personne ». « Au regard du droit pénal c’est sa naissance en vie qui conditionne sa protection à ce titre ». En droit civil, l’enfant à naître n’est pas non plus une personne puisque « la personnalité juridique n’est accordée qu’aux enfants nés vivants et viables ». Depuis quelques années cependant l’acte d’enfant sans vie permet d’octroyer à un enfant mort-né un prénom et un nom sans que cela « n’emporte aucun effet juridique » comme le précise l’article 79-1 du code civil. Ainsi les foetus surnuméraires obtenus dans la pratique de la PMA ne sont donc pas des « êtres humains », d’où les expérimentations réalisées sur les foetus pour lesquels il n’y a plus de projets parentaux.


Le 16 février dernier, un Arrêt de la Cour suprême de l’Alabama (USA) déclarait que les embryons congelés en vue d'une fécondation in vitro (FIV) doivent être considérés comme des « enfants à naître » et sont donc protégés par la loi.


Les évêques français par la voix du Président de la Conférence Episcopale de France (CEF) ont témoigné de leur « tristesse » en apprenant le vote en faveur de la constitutionnalisation du droit à l’IVG. Ils ont redit que « l’avortement demeure une atteinte à la vie en son commencement, et ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes », ajoutant que la CEF sera « attentive au respect de la liberté de choix des parents décidant, même en des situations difficiles, de garder leur enfant, et de la liberté de conscience des médecins et de tous les personnels soignants, dont elle salue le courage et l’engagement ».


L’interrogation audacieuse, formulée par Saint Jean-Paul II lancée lors de la messe célébrée le 1er juin 1980 au Bourget, demeure d’actualité : « France, fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ? » ... Prions pour la France



Dominique SOUPE