CD n°7 du 14/02/2024

COMMUNIQUE D'INFORMATION DU MERCREDI 14 FEVRIER 2024

REGARD SUR L’ACTUALITE
EUTHANASIE OU SOINS PALLIATIFS


Le 1er Février dernier, le documentaire : "Les Souffrances cachées de l'euthanasie" était lancé en direct sur YouTube. À cette occasion, plusieurs AFC (Associations Familiales Catholiques) ont organisé des projections suivies de débats et d'échanges dans le but de faire connaître les conséquences désastreuses de l'euthanasie sur les proches et les soignants. A ce propos, François TRUFFIN, infirmier en soins palliatifs et intervenant dans ce documentaire disait ceci : "L'humanité a beaucoup mieux à proposer que l'euthanasie, elle a les soins palliatifs". Rappelons ici à cette occasion quelques prises de position sur ce débat qui touche à la dignité humaine et à l’accompagnement des malades en fin de vie.


La conférence des évêques de France, dans une déclaration datée de Mars 2018, rappelait d’abord que « quelles que soient nos convictions, la fin de vie est un temps que nous vivrons tous et une inquiétude que nous partageons. Chacun doit donc pouvoir y réfléchir le plus sereinement possible, en évitant les écueils des passions et des pressions ». S’opposant fermement à cette légalisation d’une assistance médicale au suicide et de l’euthanasie, les évêques justifiaient ainsi leur position : « Si l’État confiait à la médecine la charge d’exécuter ces demandes de suicide ou d’euthanasie, des personnels soignants seraient entraînés, malgré eux, à penser qu’une vie ne serait plus digne d’être vécue… Le médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité. Tuer, même en prétendant invoquer la compassion, n’est en aucun cas un soin. Il est urgent de sauvegarder la vocation de la médecine ».


Dans un article publié le 5 Avril 2021 par le Blog des facultés Jésuites de Paris, département Ethique biomédicale et intitulé « Loi pour l’euthanasie : désolé, ça ne passe pas ! », le P. Bruno SAINTÔT sj rappelait avec force : « … l’euthanasie n’est pas un soin… cela ne fait pas partie de la mission du médecin. C’est devenu difficile à comprendre. L’Association médicale mondiale (AMM) « …renouvelle son attachement profond aux principes de l’éthique médicale et au plus grand respect de la vie humaine. En conséquence, l’AMM est fermement opposée à l’euthanasie et au suicide médicalement assisté. […] Aucun médecin ne saurait être forcé à participer à une euthanasie ou à aider une personne à mettre fin à ses jours » C’est clair. Le Conseil national de l’Ordre des médecins français est aussi ferme : « Le devoir du médecin est de soigner, soulager, accompagner. Le Conseil national de l’Ordre réitère donc sa position selon laquelle la décision d’euthanasie ou de suicide assisté sont des actes qui ne concernent ni les médecins, ni les soignants. Ce n’est pas le rôle du médecin de provoquer délibérément la mort ».


Et alors que le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) donnait en Septembre 2022 un avis ouvrant la voie à la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie en France, Mgr d’ORNELLAS, Archevêque de Rennes et responsable du groupe de travail « Bioéthique » de la Conférence des évêques de France (CEF) réagissait dans un article publié le 14 Septembre 2022 : « l’avis du CCNE est un magnifique plaidoyer pour les soins palliatifs. Il exprime avec finesse et justesse ces soins « essentiels » à la médecine. Il dénonce les faiblesses de leur mise en oeuvre en France, malgré les lois qui les promeuvent comme un droit pour chaque citoyen. Il appelle vigoureusement à un effort de l’État pour que se diffuse partout la « culture palliative » en notre pays… Dans leur écrasante majorité, les médecins des soins palliatifs dénoncent la contradiction entre le soulagement qu’ils savent offrir et la proposition de donner la mort, proposition que les patients seront obligés d’envisager. » Pourtant, poursuit Mgr d’ORNELLAS, « l’avis du CCNE jette du brouillard sur la réflexion. Il utilise le même mot « fraternité » pour qualifier à la fois l’aide active à mourir et l’accompagnement par les soins palliatifs. Mais comment appeler fraternel le geste qui donne la mort à son frère qui la demanderait ? Ce n’est pas dans le brouillard qu’on discerne le projet de société à édifier ! Soit nous choisissons une société des désirs individuels qui s’imposent à tous, y compris au corps médical, société fragile et fluctuante, sans consistance et sans visée commune. Soit nous souhaitons une société de la fraternité grâce à laquelle les personnes les plus vulnérables sont collectivement entourées de considération et accompagnées par les soins, société bâtie sur une espérance. »


Et le 02 Avril 2023, la Convention citoyenne sur la fin de vie composée de 185 Français, de 18 à 87 ans, tirés au sort, après s’être réunie pendant trois mois pour débattre de cette question, s’est prononcée en faveur d'une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté en France, ce qui a provoqué ce commentaire de Mr Tugdual DERVILLE, porte-parole d'Alliance Vita. : « Parler de «l’aide active à mourir» cache ces mots que l’on ne veut pas prononcer car ils font peur, à juste titre d’ailleurs. Un des éléments peut-être les plus graves est que l’on est en train de s’orienter vers l’idée qu’il y aurait des suicides positifs. Le risque dont nous parlent les spécialistes de la prévention du suicide est qu’en connotant positivement le suicide, l’on n’aboutisse à les encourager avec un effet de contagion. »
« Tu ne tueras pas » (Ex 20, 13)… Gardons-nous d’oublier que Dieu est maitre et source de la vie !



+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU