CI n°13 du 27-03-2024

COMMUNIQUE D'INFORMATION DU MERCREDI 27 MARS 2024

REGARD SUR L’ACTUALITE
JESUS DE NAZARETH, ROI DES JUIFS


Les célébrations de la semaine sainte nous donnent de pouvoir écouter le récit de la Passion de Jésus Christ et pour nombre d’entre nous de participer au chemin de croix. Lors de son procès devant l’autorité romaine, Jésus est interrogé par Pilate : « Es-tu le roi des Juifs ? ». Un parcours du ministère de Jésus pendant sa vie publique révèle qu’il a toujours pris ses distances avec l’enthousiasme des foules qui voulaient le faire roi ! Jésus ne veut pas entrer dans une conception politique de la royauté. Pourtant, Il n’est pas difficile de deviner la formidable espérance que souleva Jésus au début de son ministère, dans sa première prédication dans la synagogue de Nazareth (Lc 4, 18) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés » (Lc 4, 18). S’appliquant à lui-même cette prophétie d’Isaïe, Jésus ose affirmer qu’aujourd’hui et par lui, cette parole s’accomplit. Nous pouvons aisément comprendre que les disciples qui ont cru en lui aient en vue de leur espérance non la croix mais le succès, le triomphe, le nouveau Royaume et, autant que possible, les « meilleures places » ! Espoir humain, et espoir pour le peuple ! Ils attendaient un Dieu qui « fait des merveilles pour son peuple », le Dieu de la sortie d’Egypte, le Dieu du retour de l’exil… Et quand ils ont vu Jésus réaliser ce qu’il avait dit, rendre la vue aux aveugles, et la liberté aux démoniaques, comment ne lui auraient-ils pas fait confiance ? - « Nous espérions, nous, que c’était lui qui allait délivrer Israël… » (Lc 24, 21).


A y regarder de près, Jésus ne s’oppose pas à l’autorité des grands de ce monde : Hérode Antipas, ou l’Empereur de Rome (« Rendez à César ce qui est à César »). Et lorsqu’après la multiplication des pains, la foule veut l’enlever pour le faire roi (Jn 6, 15), il se dérobe. Une seule fois il se prêtera à une manifestation publique, lors de son entrée triomphale à Jérusalem. Mais ce sera dans un humble appareil, monté sur un petit âne qu’il se laissera acclamer comme roi d’Israël.


Pourtant, lors de son procès devant Pilate, c’est bien sa royauté qui est en cause, une royauté surprenante, déroutante pour nous, et qui se révèlera tout au long de sa Passion. Interrogé par Pilate : « Es-tu le roi des Juifs ? », Jésus ne renie pas ce titre, mais il ajoute que sa royauté n’est pas de ce monde (Jn 18, 36), de sorte qu’il ne se présente pas en concurrent de César. Pourtant, cette royauté du Christ se manifestera à travers les gestes qui veulent le « ridiculiser » : après la flagellation, les soldats saluent Jésus coiffé d’une couronne d’épines et tenant un roseau à la main : « Salut, roi des Juifs ! » (Mc 15, 18) L’écriteau placé sur la croix mentionne « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ». Et ceux qui l’insultent alors qu’il est sur la croix disent : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est roi d’Israël ». Oui, la croix est le lieu où éclate cette royauté pour qui sait voir les choses avec un regard de foi, comme le proclame cet hymne latin du temps de la Passion : « Les étendards du Roi s’avancent, le mystère de la croix resplendit ! » N’est-ce pas ce que Jésus avait promis lui-même aux Douze lors de la dernière Cène : « Je dispose pour vous du Royaume, et vous siègerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël » (Lc 22, 29 ss)


Jésus est roi, et il affirme : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (Mt 28, 18). Sa puissance est souveraine, absolue, et il confie aux apôtres et à l’Eglise d’annoncer ce Royaume. Le Concile Vatican II précise que « l’Eglise reçoit mission d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations » (Vatican II, Lumen Gentium, 5, 9). L’Eglise n’est pas le Royaume, elle annonce et travaille à l’avènement de ce Royaume ». Qu’en célébrant le Christ dans le mystère de sa mort et de sa résurrection, nous sachions mener à bien cette mission d’annoncer le Royaume de Dieu que nous confia par notre baptême le Christ pour le salut du monde.



+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU